Une star de la télé décide de changer de vie et de tourner un documentaire. Tout bascule lorsque celle-ci se fait subtiliser sa caméra…
Met mes
Pays-Bas, 2022
De Sam de Jong
Durée : 1h18
Sortie : –
Note :
HAUT EN COULEUR
Si les films précédents du Néerlandais Sam de Jong comme Prince (primé à la Berlinale) ou Goldie (passé chez nous par La Roche-sur-Yon) ont pu mettre en avant des outsiders, la première héroïne de Met mes est d’un tout autre milieu. Eveline est une star de la télé, elle a le pouvoir et pourtant quelque chose semble manquer dans sa vie. Eveline a besoin de redonner du sens : elle va s’emparer d’une caméra pour réaliser un portrait sociétal « chaleureux et doté d’empathie ». Vaste et peut-être pompeux programme ; c’est ce que le film paraît nous suggérer en empruntant d’abord le ton de la farce.
Les couleurs dans Met mes ne sont pas seulement chatoyantes – elles sont maxi-hurlantes, ultra-saturées, comme si tout le voisinage avait baigné dans un rayonnement nucléaire. Tout le monde a le teint rose au bord de la cirrhose, et cette laide beauté est aussi joyeuse que tacky et absurde. Le style a de la substance dans Met mes, et la direction artistique n’est pas sans reste. Quand le long métrage se déroule-t-il ? Dans un passé paradoxal, un présent fantaisiste ? On semble vivre dans des vaisseaux spatiaux ou des galeries d’art contemporain, mais on voit aussi des collèges appartenant aux années 90 et plein de motifs dignes d’un générique de Giga.
Sam de Jong a l’œil pour le sens du détail idiot et c’est l’une des clefs de cette bonne comédie. Mais Met mes n’est pas là nécessairement que pour la rigolade. Le documentaire de l’héroïne va prendre une tournure inattendue et devenir une sorte d’affaire d’état. Ce prétexte sert de révélateur : du racisme immédiat, du privilège de classe, de l’exploitation. Chacun a ses raisons ? Pourtant, le film raconte comment une caméra pointée vers des minorités peut constituer une arme. La dernière partie du film, peut-être plus terre-à-terre, fonctionne moins fort à nos yeux. Mais le cinéaste sait marier une atmosphère rêveuse à un ton potache et à une fable politique de manière parfaitement surprenante.
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par Nicolas Bardot