Matangi / Maya / M.I.A. est un documentaire qui fait le portrait de la musicienne M.I.A., de la guerre civile dans son Sri Lanka natal à son triomphe en tant qu’artiste.
Matangi / Maya / M.I.A.
Etats-Unis, 2018
De Steve Loveridge
Durée : 1h37
Sortie : –
Note :
BAD GIRLS DO IT WELL
Matangi / Maya / M.I.A. : le titre du documentaire signé par le Britannique Steve Loveridge et consacré à la rappeuse M.I.A. retrace en trois mots le cheminement de la jeune femme – de son nom de naissance à son surnom jusqu’à son nom d’artiste. Cela pourrait presque faire office de renaissances successives dans la vie assez incroyable menée par la jeune femme, sujet en or de ce doc.
Matangi / Maya / M.I.A. n’est pas, contrairement à bien des documentaires musicaux, qu’une sage hagiographie d’un succès annoncé, d’abord parce qu’il y a ici beaucoup plus de choses à raconter. Fille d’un des fondateurs du mouvement de résistance tamoule, quittant le Sri Lanka pour Londres lorsque la guerre civile éclate, gamine qui écoute Madonna le soir sous sa couette avec un casque sur les oreilles et qui, des années plus tard, chantera avec la même Madonna sur la scène du Super Bowl – voici là un exemple parfait de réel qui dépasse la fiction.
Lors du premier plan du film, on ne distingue M.I.A. qu’à travers quelques points lumineux. Loveridge parvient peu à peu à en faire un portrait complet. Il y a, à l’image du passionnant Cobain : Montage of Heck où l’on découvrait des images de vieilles répétitions du futur Nirvana, une émotion particulière à la découverte de films familiaux des 80s ou des images de l’apprentie rappeuse dans les années 90. Matangi / Maya / M.I.A. se penche aussi sur le processus créatif de M.I.A., des morceaux composés comme on assemble un Rubik’s Cube à l’explication malicieuse de son tube Paper Planes.
Une large partie de Matangi / Maya / M.I.A. est consacrée à l’activisme politique de l’artiste. Elle qui n’a jamais eu de « war zone experience » est malgré tout intimement liée à la guerre civile au Sri Lanka, et à l’oppression de la population tamoule. Le doc pose aussi la question de la légitimité de celle qui peut être vue comme une « rebelle chic ».
Constat plus amer : alors que le cynisme est parfois de mise lorsque la jeune femme se fait lanceuse d’alerte, ce n’est pas la violence qu’elle dénonce qui choque les médias mais lorsqu’elle fait un doigt en direct à la télé américaine. Une présentatrice raciste pense pouvoir la remettre à sa place – mais M.I.A., on le voit pendant tout le film, n’est pas du genre à demander une quelconque autorisation. C’est une personnalité passionnante à laquelle le réalisateur donne la parole dans ce documentaire vif et pertinent.
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par Nicolas Bardot