Critique : Ma vie en papier

À Bruxelles, lʼartiste et réalisatrice iranienne Vida Dena rencontre Naseem, père dʼune famille syrienne ayant fui la guerre. Entre les murs de leur logement précaire, elle dialogue avec les deux aînées Hala et Rima par le biais du dessin. Les petits morceaux de papiers colorés sʼaniment alors à lʼécran pour raconter les souvenirs, les rêves et le destin de cette famille en exil.

Ma vie en papier
Belgique, 2022
De Vida Dena

Durée : 1h20

Sortie : 24/01/2024

Note :

NOS SOUVENIRS BRÛLÉS

Dévoilé en compétition au Festival Visions du Réel, Ma vie en papier est le premier long métrage de Vida Dena (lire notre entretien). Originaire d’Iran, la cinéaste est désormais basée à Bruxelles. Dans son film, elle s’intéresse à d’autres déraciné.e.s : une famille syrienne qui a fui la guerre. Comment témoigner, et comment tout d’abord trouver les mots ? La question du langage se pose : comment formuler dans une langue étrangère une pensée et un sentiment fidèles à une réalité si terrible ?

C’est ici qu’interviennent les dessins dans Ma vie en papier. Les violences, les rêves, les souvenirs et les espoirs prennent la forme de crayonnages naïfs, de fragiles bouts de papier symbolisant un passé en cendres et un futur entièrement à construire. « Je vais rester toute ma vie une étrangère » s’inquiète l’une des deux sœurs dans ce film qui interroge finement l’appartenance et le traumatisme de l’exil, tandis que les images d’hier ont encore des couleurs vives sur les dessins.

Le film est essentiellement tourné en huis-clos, entre quatre murs, et pourtant il est beaucoup question d’imaginaire. C’est une pulsion vitale, et c’est la dimension universelle du long métrage : la plus jeune sœur rêve d’être chanteuse, étudiante à Oxford ou docteure, l’autre simplement cuisinière ou coiffeuse. Les étapes traditionnelles, comme le mariage, s’annoncent et la vie reprend. Vida Dena parvient avec talent à installer une proximité dans ce portrait humain qui pose les bonnes questions.

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par Nicolas Bardot

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