Olivia, une femme trans philippine habitant à Brooklyn, vit chaque jour avec la peur d’être expulsée des États-Unis. Elle soigne Olga, une femme russe âgée qui en est aux premiers stades de la démence. Un homme a accepté de l’épouser afin qu’elle puisse obtenir un statut légal aux États-Unis. Mais Olivia ne sait pas si ces noces se matérialiseront un jour. Olivia rencontre alors le petit-fils d’Olga, Alex, un ouvrier d’abattoir luttant contre ses propres démons…
Brooklyn Secret
États-Unis, 2019
De Isabel Sandoval
Durée : 1h35
Sortie : 01/07/2020
Note :
A DEMI-MOT
On a pu découvrir la Philippine Isabel Sandoval (lire notre entretien) notamment avec son précédent film, le drame Apparition qui avait obtenu le prix du public au Festival du Film Asiatique de Deauville. Sandoval, désormais basée à New York, est un film plus américain et se déroule à Brooklyn. Les premiers plans de Brooklyn Secret (Lingua Franca en vo) montrent un New York étrangement vide, qu’il s’agisse d’une station de métro ou de Coney Island. Le film laisse de la place au silence comme à l’introspection, et met en scène la solitude dans laquelle se trouve Olivia, femme trans sans papiers dans l’Amérique de Trump.
De la violence du contexte politique, on n’entend que quelques bribes à la radio. C’est suffisant pour comprendre ce à quoi Olivia est confrontée. Brooklyn Secret n’est pas un film sur le fait d’être trans, mais davantage sur le fait d’être une personne en marge. Si les problématiques finissent par se recouper, le film ne documente pas sur son personnage. L’authenticité de Brooklyn Secret vient de ses qualités d’écriture, de l’interprétation charismatique et sans effets de Sandoval elle-même ; elle vient peut-être aussi de l’expérience de la réalisatrice. Être trans dans Brooklyn Secret ne semble être un sujet que pour les autres.
Avec un tel postulat, le long métrage aurait pu être un drame social filmé par un caméra à l’épaule nerveuse. Le ton installé par la mise en scène est finalement plus délicat, peut-être plus sentimental, à l’image de son utilisation des fondus enchainés. Isabel Sandoval se penche avec sensibilité sur son héroïne solitaire et invisible et parvient, sans didactisme et avec nuance, à la faire exister avec intensité.
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par Nicolas Bardot