Critique : L’Homme le plus heureux du monde

Sarajevo, de nos jours. Asja, 40 ans, célibataire, s’est inscrite à une journée de speed dating pour faire de nouvelles rencontres. On lui présente Zoran, un banquier de son âge. Mais Zoran ne cherche pas l’amour, il cherche le pardon.

L’Homme le plus heureux du monde
Macédoine du Nord, 2022
De Teona Strugar Mitevska

Durée : 1h35

Sortie : 22/02/2023

Note :

NOS FIANÇAILLES

De Comment j’ai tué un saint à Dieu existe, son nom est Petrunya, les titres des films de la réalisatrice macédonienne Teona Strugar Mitevska ne font pas mystère de sa volonté de venir secouer les traditions et institutions de son pays. On se doute d’ailleurs que le titre de ce dernier opus, L’Homme le plus heureux du monde, va se révéler d’une ironie féroce. Cette fois-ci, ce n’est pourtant pas en Macédoine du Nord mais à Sarajevo que se déroule le récit. Ce dernier est en effet directement inspiré d’un épisode de la vie de la coscénariste de Mitevska, la Serbe Elma Tataragić.

On ne peut pourtant pas dire que l’histoire soit des plus vraisemblables : lors d’un speed dating, une quadragénaire blessée pendant le génocide des années 90 se retrouve par hasard face à l’homme qui lui avait tiré dessus à l’époque. Mais l’histoire que racontait Dieu existe, son nom est Petrunya, également coécrit par Tataragić, n’était pas moins folle, alors même qu’elle était également inspirée de faits réels. Cette fois encore, le duo choisit de traiter ce fait divers à travers le prisme d’une comédie tantôt mordante tantôt absurde.

L’Homme le plus heureux du monde est un huis-clos. Dans la salle de réception d’un hôtel faussement jovial, les personnages du film vont se retrouver face à eux-mêmes et leurs souvenirs de guerre plus ou moins refoulés. Face à une telle contrainte de lieu, Mitevska fait se son mieux pour apporter des respirations nécessaires à sa mise en scène, mais toutes ses tentatives (gros plans, caméra qui tourne en rond) ne s’avèrent pas payantes. C’est plutôt dans l’écriture que L’Homme le plus heureux du monde trouve davantage de relief. Entre farce et amertume, le film avance avec un drôle d’équilibre qui le rend imprévisible et curieux.

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par Gregory Coutaut

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