Critique : Le Garçon et le héron

Après la disparition de sa mère dans un incendie, Mahito, un jeune garçon de 11 ans, doit quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne dans le village où elle a grandi. Il s’installe avec son père dans un vieux manoir situé sur un immense domaine où il rencontre un héron cendré qui devient petit à petit son guide et l’aide au fil de ses découvertes et questionnements à comprendre le monde qui l’entoure et percer les mystères de la vie.

Le Garçon et le héron
Japon, 2023
De Hayao Miyazaki

Durée : 2h04

Sortie : 01/11/2023

Note :

LE GARÇON ET LE MONDE

Sur la terre comme au ciel, les lieux dans la filmographie de Hayao Miyazaki ont toujours été une source d’émerveillement : une forêt paisible dans Mon voisin Totoro, des gigantesques bains publics dans Le Voyage de Chihiro, une ville à découvrir dans Kiki la petite sorcière ou littéralement un château dans le ciel dans le film du même nom. Ce charme magique opère également dans Le Garçon et le héron : la découverte d’une nouvelle demeure est déjà une profonde plongée dans l’imaginaire. C’est la beauté des décors chez Miyazaki et leur minutieux sens du détail : ici encore, chaumières, manoirs, tours, portes et couloirs ont quelque chose à raconter – et ont parfois même des secrets.

Au-delà du strict décor, il y a toujours chez Miyazaki tout un monde à découvrir. Celui-ci est d’autant plus vertigineux dans Le Garçon et le héron (son premier film en dix ans après Le Vent se lève) qu’il semble sans cesse en expansion. Le labyrinthe auquel nous sommes conviés est d’une grisante énergie et le fil que l’on tente de suivre pendant deux heures est celui de la pure poésie : un flux d’images d’une riche imagination, qui possèdent en elles un rare pouvoir d’enchantement. Les hautes herbes, les marches à gravir, les lacs à traverser, les chemins secrets dessinés par les feuilles au sol : tout est une invitation à l’exploration.

Miyazaki sait, dans la quiétude d’un décor bucolique, faire surgir le merveilleux. Les irruptions tempétueuses du surnaturel fascinent dans son nouveau long métrage, qu’il s’agisse d’un héron yokai, de pirate ou de créatures qui semblent échappées des bois de Princesse Mononoke. Qu’y-a-t-il derrière le portique doré, qu’est-ce qui se cache dans cette mystérieuse bâtisse ? L’aventure de Mahito est la nôtre dans ce spectacle généreux, romanesque et imprévisible, sous des cieux transpercés par les rayons du soleil ou la lumière de la lune.

Il n’est pourtant pas question que de fantaisie dans Le Garçon et le héron. Le long métrage s’ouvre comme un film catastrophe, au son d’une sirène d’alarme, tandis que dans un moment saisissant l’image bouillonne sous l’effet de l’incendie en cours. L’odyssée de Mahito est aussi une épreuve intime : celle d’un deuil et d’un apprentissage. « Comment voulez-vous vivre ? » est une question qui se pose dans le monde chaotique du Garçon – un monde proche du nôtre. Cela semble prolonger le postulat du précédent film de Miyazaki, citant Paul Valéry : « Le vent se lève… il faut tenter de vivre ». Miyazaki suggère la possibilité d’un monde de paix et de beauté dans ce conte humaniste d’une captivante splendeur.

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par Nicolas Bardot

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