Festival de La Roche-sur-Yon | Critique : La Pecera

Atteinte d’un cancer, Noelia ne souhaite plus subir de traitement. Elle décide de retourner sur son île natale au large de Porto Rico, mais les eaux y regorgent désormais de polluants laissés par l’armée américaine.

La pecera
Porto Rico, 2023
De Glorimar Marrero Sánchez

Durée : 1h32

Sortie : –

Note :

EAU DOUCE

Dévoilé en début d’année en compétition au Festival de Sundance, La Pecera est le premier long métrage de cinéma de l’artiste pluridisciplinaire Glorimar Marrero Sánchez. Le film raconte l’histoire intime de Noelia, une femme dont le cancer s’est développé et qui prend la décision de se soigner comme elle l’entend. La puissance de cette autodétermination est rehaussée par le climat paisible du long métrage, qu’il s’agisse de son rythme, de son utilisation des couleurs et de son atmosphère générale. Pour Noelia, les choses sont nettes : lorsque son compagnon paternaliste lui dit « fais ce que tu veux », la jeune femme répond immédiatement : « c’est prévu, merci ».

Si la cinéaste fait le portrait de Noelia, les problématiques de son récit sont plus amples. Son retour dans son île natale à l’est de Porto Rico est l’occasion pour la cinéaste de mettre en parallèle deux espaces colonisés : le sien par le cancer, et ses terres par la présence américaine. Un corps malade sur un paysage malade, c’est une métaphore mais pas seulement : l’île a servi pendant six décennies de laboratoire toxique pour les Etats-Unis, qui y ont effectué des essais militaires aux effets désastreux pour les populations. La dimension politique du film est là, dans ces bombes encore cachées dans le paysage, et prêtes à exploser des années plus tard dans les corps.

Si le film peut parfois manquer d’une personnalité plus affirmée à l’image ou à l’écriture, La Pecera sait néanmoins déjouer les clichés attendus sur le retour aux terres d’origine en installant une aspérité bienvenue. Ce décor idyllique de verdure et d’eau se retrouve menacé par un ouragan – et plusieurs ouragans semblent, à vrai dire, sur le point de tout emporter à l’image. Le drame de Noelia est raconté avec un mélange de pudeur et d’honnêteté, saisissant avec une certaine finesse ce qu’il a d’incommunicable.

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par Nicolas Bardot

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