Festival de Sarlat | Critique : La Pampa

Willy et Jojo sont amis d’enfance et ne se quittent jamais. Pour tuer l’ennui, ils s’entraînent à la Pampa, un terrain de motocross. Un soir, Willy découvre le secret de Jojo.

La Pampa
France, 2024
De Antoine Chevrollier

Durée : 1h43

Sortie : 05/02/2025

Note :

TERRE SAUVAGE

Quand on entend « pampa », on n’imagine pas immédiatement un patelin qui se trouverait perdu quelque part en Anjou. C’est pourtant là que se situe le premier long métrage du Français Antoine Chevrollier, remarqué lors du dernier Festival de Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique. Plus précisément, la Pampa est ici le nom d’un terrain de motocross, cœur vrombissant d’une petite ville qui semble comme anesthésiée.

A Longué-Jumelles, les mentalités sont semble-t-il restées bloquées dans les années 50, et l’hôpital est une vieille ruine qui n’est plus occupée que par des fantômes. Il y a pourtant des gamins qui vivent dans cette ville, et qui se lancent des défis idiots d’ados (« on n’a qu’une vie »), en attendant de grandir et peut-être s’enfuir. Alain Souchon passe à l’autoradio, Véronique Sanson au bar, et les jeunes sont posés là, presque comme des anomalies dans le décor.

On croit voir venir ce récit initiatique archétypal (l’amitié de deux garçons dans un monde qui n’est pas conçu pour eux). Mais Chevrollier (accompagné notamment de l’autrice Faïza Guène) fait preuve d’une richesse d’écriture qui déjoue certaines attentes avec finesse. Au chevet de ses jeunes protagonistes, le cinéaste fait un portrait beaucoup plus amer des figures parentales, de leurs échecs, de leur lâcheté, racontant comment la génération d’avant n’a aucun remord à dévorer celle qui suit.

La pampa est effectivement une ironique déformation romanesque pour désigner un trou réactionnaire et masculiniste. Le paysage défile à travers la vitre de la voiture, ou celle du train. Mais comment avance-t-on au fil de la vie ? Dans un cadre qui reste relativement classique, le cinéaste, aidé par l’excellence de son casting, parvient à trouver un point de vue personnel. Le résultat est un récit d’apprentissage sensible et profondément émouvant.

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par Nicolas Bardot

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