Critique : La Nuée

Difficile pour Virginie de concilier sa vie d’agricultrice avec celle de mère célibataire. Pour sauver sa ferme de la faillite, elle se lance à corps perdu dans le business des sauterelles comestibles. Mais peu à peu, ses enfants ne la reconnaissent plus : Virginie semble développer un étrange lien obsessionnel avec ses sauterelles…

La Nuée
France, 2020
De Just Philippot

Durée : 1h41

Sortie : 16/06/2021

Note :

ESSAIM ESSOUFFLÉ

Tous les deux distingués lors de l’édition annulée du Festival de Cannes (l’un en recevant le label de la Semaine de la Critique, l’autre en ayant celui ce l’Officielle), La Nuée a ceci en commun avec Teddy de présenter un argument fantastique… qui semble finalement plus embarrassant qu’autre chose. Mais la différence, à nos yeux, est que Teddy est une comédie plutôt réussie aux accents fantastiques maladroits, tandis que La Nuée a peur d’être un film fantastique et propose en échange un drame social épuisé. Du succès de Petit paysan à Louloute récemment couronné à La Roche-sur-Yon, La Nuée s’inscrit dans une veine de chroniques agricoles interchangeables et dont on a le sentiment d’avoir déjà fait le tour.

On sent venir la parabole littéralement dévorante de La Nuée, dont l’héroïne agricultrice voit son business de sauterelles péricliter. Pourquoi pas ? Las, ce traitement dramatique est plutôt solide mais sans personnalité, ses personnages ne sont pas assez fouillés et sa progression est répétitive. La Nuée dure 1h40, paraît quarante minutes de plus et on a souvent envie de prendre le film par les épaules pour le secouer. Des touches (des gouttes) viennent suggérer le fantastique, mais avec un récit aussi standard, le film paraît sans cesse jouer la montre.

Comment mettre en scène le fantastique promis dans La Nuée ? Comment le raconter ? C’est un pari sur le papier assez excitant, mais le film ne semble pas avoir vraiment la réponse. Le basculement surnaturel est quiché en un dernier quart d’heure mal écrit. Où est la tension, où est le malaise, où est le trouble ? Lorsque le long métrage commence à avoir du souffle, il s’achève déjà, comme s’il devait s’excuser d’être sorti quelques minutes des clous d’un cinéma vu et revu.

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par Nicolas Bardot

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