Critique : Juste une nuit

Fereshteh doit cacher son bébé illégitime pendant une nuit à ses parents qui lui rendent une visite surprise. Son amie Atefeh l’aide. Elles se lancent dans une odyssée au cours de laquelle elles doivent soigneusement choisir qui sont leurs alliés.

Juste une nuit
Iran, 2022
De Ali Asgari

Durée : 1h26

Sortie : 16/11/2022

Note :

LA LOI DE LA RUE

Dans les rues de Téhéran, deux jeunes femmes voilées marchent d’un pas pressé et l’œil inquiet, un bébé dans les bras. L’image est déjà familière pour les amateurs de cinéma iranien. De fait, Juste une nuit ne cherche pas à contourner à tout prix les chemins déjà arpentés pas plusieurs autres films auparavant, mais cela ne l’empêche pas de mener sa course avec succès. Le cinéaste Ali Asgari (deux fois nommé à la Palme d’Or du court métrage, en 2013 et 2016), prend ici un postulat de départ dont la simplicité n’empêche pas l’efficacité, car cette limpidité est avant tout celle d’un compte à rebours. Fereshteh n’a en effet que quelques heures avant la visite surprise de ses parents pour cacher son bébé illégitime, mais qui va prendre le risque d’aider une femme en situation illégale ?

Où trouver la liberté dans les rues de Téhéran quand ces dernières ne s’avèrent être que des impasses débouchant que sur des portes closes ? Avec une recette évoquant les frères Dardenne, à la frontière entre le film à suspens et le portrait-de-femme, Juste une nuit cavale aux côtés de ses deux héroïnes obligées de raser les murs dans leur propre ville. Le fait que le film se déroule quasi intégralement à pied (exception faire d’une scène de bus ou de moto) participe sans doute à le rendre plus vivant et nerveux que le tout-venant des films iraniens tournés entre les portières d’une voiture.

Juste une nuit n’a pas le temps non plus pour les silences qui disent beaucoup et autres clichés d’écriture faciles, et les dialogues sont eux aussi plutôt directs (« pourquoi ne pas aller demander directement au gouvernement de changer leur vision des femmes ? » demande amèrement l’amie de l’héroïne). Sans être révolutionnaire, ce rééquilibrage rend le résultat indéniablement immersif.

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par Gregory Coutaut

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