Dans un grand hôpital public d’Athènes, de graves accidentés sont accueillis au sein d’un service spécialisé par une équipe soignante exceptionnelle. Épaulés par leurs familles et leurs voisins de chambrée, ils mènent un combat quotidien pour retrouver une vie fonctionnelle, une existence autonome. Durant plusieurs mois ils luttent pour réapprendre des gestes élémentaires à la vie en société, tout ce qui fait un homme…
Jusqu’à la mer
2019, Grèce/France
De Marco Gastine
Durée : 1h48
Sortie : 26/01/2022
Note :
ENTRE LES VAGUES
« C’est comme la Passion du Christ », commente-t-on avec un soupçon d’ironie au début de Jusqu’à la mer. Ça n’est, en effet, pas si loin de la réalité : le Franco-Grec Marco Gastine filme le quotidien de grands accidentés qui, si l’on peut dire, portent leur croix dans un service de réadaptation d’un hôpital en Grèce. Gastine, qu’on a pu découvrir notamment avec Themis, passé par l’ACID au Festival de Cannes il y a quelques années, raconte la vie qui change tout à coup, en un éclair. Il raconte aussi un tout autre rythme qui s’installe.
Car Jusqu’à la mer s’attache minutieusement aux gestes répétés à l’infini, aux petits pas les uns après les autres. Il y a la dimension physique évidente des corps à l’arrêt ou ralentis, mais aussi la dimension psychologique : le film évoque la foi qui déplacerait des montagnes et les patients qui ne sont pas dupes, les espoirs comme les faux-espoirs. Le dépouillement formel permet ici de se concentrer sur l’essentiel, le classicisme est au service des protagonistes et de leur parcours.
Jusqu’à la mer dépeint les patients, leur vie de tous les jours – et la vie qui continue. Le Nouvel an en sourdine, les visites des familles, les revues de sport qui trainent ici ou là même lorsqu’on est immobilisé. C’est un portrait humain, c’est aussi le portrait politique d’un système et de ses moyens limités que le cinéaste détaille avec attention et justesse.
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par Nicolas Bardot