Iran années 2000 : dans l’ombre de l’invasion américaine, une famille élargie de réfugiés afghans tente de reconstruire sa vie dans « le pays des frères ». Une odyssée sur trois décennies où Mohammad, un jeune étudiant prometteur, Leila, une femme isolée et Qasem qui porte le poids du sacrifice pour sa famille, luttent pour survivre à ce nouveau quotidien incertain.
Au pays de nos frères
Iran, 2024
De Raha Amirfazli et Alireza Ghasemi
Durée : 1h35
Sortie : 19/03/2025
Note :
TERRE D’ACCUEIL
Cette terre de la fraternité qu’évoque ce titre, c’est l’Iran. C’est plus exactement le surnom donné au pays par la communauté afghane, qui compte aujourd’hui plus de 5 millions de réfugiés dans le pays. Mais la réalité est-elle aussi simple et accueillante que cette expression en forme de slogan touristique ? L’Iran est-il réellement la terre des frères afghans ? Avec leur premier long métrage, les cinéastes Alireza Ghasemi (nommé à la Palme d’or du court métrage en 2017 pour Lunch Time) et Raha Amirfazli répondent avec une amertume prévisible qui n’empêche pourtant ni la nuance ni les pas de côté.
Au pays de nos frères se divise en trois parties, trois récits se déroulant à dix ans d’intervalle (2001, 2011 et 2021). Si l’on reconnait d’une partie à l’autre les noms de certains personnages, chacune d’entre elles se concentre sur son protagoniste propre : d’abord un lycéen harcelé par la police, puis une épouse devant cacher son mari, et enfin un vieil homme dont le fils subit de graves accusations. Considérés indépendamment, ces trois chapitres ne révolutionnent pas nécessairement les convention narratives du cinéma d’auteur iranien (ces silences qui disent beaucoup, par exemple). Ils dévoilent néanmoins par moments un visage de la société rarement reflété dans la production cinématographique nationale.
C’est particulièrement le cas dans la deuxième partie du film, la plus percutante des trois. Par peur de perdre son emploi, une femme de ménage n’ose pas interrompre la réception organisée par ses riches patrons pour leur avouer que son mari vient de décéder et que son corps se trouve justement dans la maison. La cohabitation inattendue de ces décors bourgeois chaleureusement éclairés et d’un sentiment de panique grandissant est la meilleure surprise du long métrage. D’une mise en scène élégante, le reste d’Au pays de nos frères possède des angles parfois trop arrondis à notre goût, mais cela participe aussi à le rendre accessible et chaleureux.
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par Gregory Coutaut