Festival de Karlovy Vary | Critique : In the Land of Brothers

Trois membres d’une famille afghane élargie recommencent leur vie en Iran en tant que réfugiés, sans savoir qu’ils devront lutter pendant des décennies pour être « chez eux ».

In the Land of Brothers
Iran, 2024
De Raha Amirfazli et Alireza Ghasemi

Durée : 1h35

Sortie : –

Note :

TERRE D’ACCUEIL

Cette terre de la fraternité qu’évoque ce titre, c’est l’Iran. C’est plus exactement le surnom donné au pays par la communauté afghane, qui compte aujourd’hui plus de 5 millions de réfugiés dans le pays. Mais la réalité est-elle aussi simple et accueillante que cette expression en forme de slogan touristique ? L’Iran est-il réellement la terre des frères afghans ? Avec leur premier long métrage, les cinéastes Alireza Ghasemi (nommé à la Palme d’or du court métrage en 2017 pour Lunch Time) et Raha Amirfazli répondent avec une amertume prévisible qui n’empêche pourtant ni la nuance ni les pas de côté.

In the Land of Brothers se divise en trois parties, trois récits se déroulant à dix ans d’intervalle (2001, 2011 et 2021). Si l’on reconnait d’une partie à l’autre les noms de certains personnages, chacune d’entre elles se concentre sur son protagoniste propre : d’abord un lycéen harcelé par la police, puis une épouse devant cacher son mari, et enfin un vieil homme dont le fils subit de graves accusations. Considérés indépendamment, ces trois chapitres ne révolutionnent pas nécessairement les convention narratives du cinéma d’auteur iranien (ces silences qui disent beaucoup, par exemple). Ils dévoilent néanmoins par moments un visage de la société rarement reflété dans la production cinématographique nationale.

C’est particulièrement le cas dans la deuxième partie du film, la plus percutante des trois. Par peur de perdre son emploi, une femme de ménage n’ose pas interrompre la réception organisée par ses riches patrons pour leur avouer que son mari vient de décéder et que son corps se trouve justement dans la maison. La cohabitation inattendue de ces décors bourgeois chaleureusement éclairés et d’un sentiment de panique grandissant est la meilleure surprise du long métrage. D’une mise en scène élégante, le reste d’In the Land of Brothers possède des angles parfois trop arrondis à notre goût, mais cela participe aussi à le rendre accessible et chaleureux.

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par Gregory Coutaut

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