Inspiré de faits réels, un couple de personnes âgées, dans un village isolé du nord de l’Inde, doit décider qui se sacrifiera en se faisant tuer par un tigre afin d’obtenir une compensation gouvernementale nécessaire à la survie de leur famille.
In the Belly of a Tiger
Inde, 2024
De Siddartha Jatla
Durée : 1h31
Sortie :
Note :
LA LOI DE LA JUNGLE
Avoir le cœur tendre est une épreuve, regrette-t-on amèrement au sujet du héros de In the Belly of a Tiger. Le personnage principal du long métrage réalisé par l’Indien Siddartha Jatla, dévoilé au Forum de la Berlinale, est effectivement un homme bon mais désarmé face à la dureté du monde. Jatla dépeint une pauvreté extrême dans laquelle toute une famille est plongée : celle-ci, fillette incluse, travaille dans une briqueterie. Brique après brique après brique – c’est à cela que ressemble le quotidien de chacun.e, comme une vertigineuse tâche sisyphéenne qui se déploierait dans un lieu parfaitement damné.
In the Belly of a Tiger s’ouvre pourtant avec une promesse de merveilleux. L’apparition spectaculaire d’une scène aux couleurs chatoyantes semble placer le long métrage dans le registre du conte. Il y a de ça dans In the Belly, mais le conte est pour le moins amer : il est question de sacrifices maquillés en accidents, afin que des familles obtiennent des compensations financières de la part du gouvernement. A la base du film, ce sont des faits divers, avec des personnes âgées effectivement livrées aux tigres afin d’être dévorées et que leurs familles puissent tout simplement survivre. Leurs vies ne valent rien, en tout cas moins que celles de tigres sacrés.
Siddartha Jatla mêle de manière surprenante l’imaginaire immémorial et le drame social austère. Ce contraste se retrouve également dans la peinture des rapports humains : In the Belly of a Tiger est le lieu d’une exploitation capitaliste féroce et monstrueuse, mais aussi celui d’une émouvante tendresse familiale. Jatla n’a pas peur d’être sentimental dans un film où, finalement, on évoque la possibilité qu’un cœur tendre puisse être une force. Mais de quelles illusions les protagonistes d’un tel enfer sont-ils contraints de se bercer ? L’amertume est puissante dans cet étonnant film, qui semble néanmoins perdre de son souffle en cours de route.
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par Nicolas Bardot