Festival Mannheim-Heidelberg | Critique : High Tide

Laura a perdu le contrôle. Après avoir couché avec Weisman, qui dirige les travaux réalisés près de sa maison de plage, les deux autres ouvriers sur le chantier finissent par ignorer les frontières et commencent à empiéter sur l’espace de Laura. Quand Weisman disparaît, Laura se retrouve seule à gérer les deux ouvriers…

High Tide
Argentine, 2020
De Veronica Chen

Durée : 1h46

Sortie : –

Note :

MARÉE NOCTURNE

Un personnage au début de High Tide choisit s’il a envie de faire l’amour, avant de promettre (vaguement) un « je te rappelle » le lendemain matin. Dans bien des films, ce serait l’histoire d’un garçon, mais on parle bel et bien d’une héroïne dans le long métrage de Veronica Chen. Le personnage de Laura échappe plutôt aux clichés, notamment dans la description de ses désirs. Laura, elle-même, doit certainement penser être une personne comme il faut, mais l’écriture ambiguë de Chen cherche minute après minute le moment où tout va basculer.

Laura est en danger, cela semble indubitable. Seule face aux hommes qui rôdent autour de chez elle, seule dans une maison luxueuse mais qui ressemble aussi à une fragile cage de verre. Un plan en plongée sur la demeure suggère clairement une menace, mais les rapports de force ne sont jamais vraiment unilatéraux dans High Tide. Le film parle certes de consentement, d’hommes qui ici imaginent qu’une femme assumant ses désirs est une femme qui, c’est tacite, ne peut leur dire non. Mais, partant du rapport entre les sexes, le long métrage se décale peu à peu pour parler du rapport de classes.

Quand le vernis social va t-il s’écailler ? La structure narrative cocotte-minute de High Tide marche sur le saut de foi – et le film en nécessitera plusieurs de la part du spectateur. Mais ces légères exagérations questionnent le classisme, où comment un personnage poussé dans ses retranchements peut finir par faire une croix sur ce qui semblait le constituer. Chen se montre plutôt habile dans cette farce sociale, aidée par le charisme naturel de son actrice Gloria Carrá.

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par Nicolas Bardot

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