Edina, championne de culturisme, est prête à tout sacrifier pour atteindre son rêve – remporter le titre de Miss Olympia. L’amour inhabituel qu’elle rencontre en chemin lui servira de clef pour démêler ses rêves de la réalité.
Gentle
Hongrie, 2022
De László Csuja & Anna Nemes
Durée : 1h32
Sortie : –
Note :
CECI EST MON CORPS
Edina la culturiste est aux portes de l’Olympe, ou presque. Le titre convoité de Miss Olympia n’est qu’à quelques étapes d’elle, et lorsque qu’on la découvre au début du film, elle s’apprête à monter sur la première place du podium d’une compétition locale. Sur les planches de cette salle des fêtes, la mise en scène est pleine d’emphase : ballade pop dans les enceintes, bronzage artificiel et maquillage criard sur la peau des candidates, tout doit être clinquant comme un mirage. Mais devant la caméra d’Anna Nemes et László Csuja, la mise en scène est à l’opposé. Les cadrages tranchent les personnages (Edina est littéralement à bout de souffle dès les premiers instants) et les isolent, tandis que les éclairages ne sont pas beaucoup plus joyeux que ceux d’une prison.
Le mot est lâché. Au-delà des sourires pour la photo et des autographes signés aux admirateurs, Edina et son mari (qui est également son coach) ont l’air misérables, prisonniers de la poursuite d’un objectif inatteignable. A force de vouloir éliminer toute trace de gras superflu comme dans le corps d’Edina, le film est comme figé dans une sorte d’austérité sous cloche. On voit tout ce que le long métrage fait bien attention à éviter, et tant mieux (la psychologie ou la sociologie facile), mais son manque de tension dans sa deuxième partie laisse comme un point d’interrogation sur là où il veut aller.
Gentle est parfois aussi sévère que le visage de son héroïne, absente de sa propre vie à force d’efforts et d’isolement, mais il parvient aussi à donner chair à un sentiment plus poignant : l’absurdité d’un mode de vie où le corps est exploité, objectivé, réifié. Derrière les statures qui en imposent, Gentle dépeint le malaise qu’il y a pour ses personnages à vivre et survivre dans un corps progressivement déshumanisé. Un portrait étrange, avec sa personnalité propre.
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par Gregory Coutaut