Nao Tsuyama rêve de devenir boxeur professionnel malgré sa jambe artificielle. Rejeté par l’Association japonaise de boxe, il décide d’aller aux Philippines où il doit repartir de zéro…
Gensan Punch
Philippines, 2021
De Brillante Mendoza
Durée : 1h50
Sortie : –
Note :
LE COMBAT ORDINAIRE
La dernière journée d’une mère de substitution avec un enfant qui va être adopté dans John John, une dame très âgée en quête d’argent pour sortir son petit-fils de prison dans Lola, une sage-femme stérile qui cherche une nouvelle épouse à son mari pour qu’elle lui donne un enfant dans Thy Womb : l’étincelle dans le cinéma de Brillante Mendoza vient souvent de la rencontre entre un sujet ultra-mélodramatique et un traitement de cinéma-vérité très réaliste. L’histoire (inspirée de faits réels) de Gensan Punch, dont le héros est un boxeur unijambiste, semble complètement s’intégrer parmi les récits chers au cœur du cinéaste philippin.
Nao Tsuyama se bat pour sa survie, comme tant d’autres héros de Mendoza. Comme ceux qui se retrouvent enlevés dans Captive, confrontés à un typhon dans Taklub ou à une pauvreté extrême dans Ma’Rosa. Mais le combat de Nao est plus métaphorique : celui-ci a lieu sur un ring et le premier plan du film en vue subjective nous invite au cœur de l’action. On connaît le style de prises de vue dynamiques du cinéaste mais étrangement, les affrontements de boxe sont filmés avec moins de nerf que les déambulations dans les rues de Manille dans certains de ses drames.
Il manque dans Gensan Punch l’urgence et la dimension dramatique des récits radicaux de Mendoza. Mais si Gensan Punch nous paraît plus mainstream, on reconnaît néanmoins la patte du cinéaste. Celui-ci réussit malgré tout à raconter une histoire assez simple et parvient à rendre vivants ses archétypes. Si les choses peuvent parfois se compliquer pour les protagonistes de Gensan, il y a ici une douceur assez accueillante, un regard humain posé sur ses héros claudiquants. Mendoza se saisit du réel avec savoir-faire dans un film qui évite la plupart du temps les artifices.
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par Nicolas Bardot