Festival de Locarno | Critique : Foul Evil Deeds

Un recueil d’histoires qui illustrent la grande variété de la méchanceté humaine. Nous suivons un homme aux prises avec son nouvel emploi comme nettoyeur de toilettes, un père de famille confronté à un moment de faiblesse, un comptable cédant à ses besoins, un groupe d’amis fomentant un mauvais tour, un pasteur et sa femme se débarrassant d’un accident, et un avocat mettant fin à son mariage.

Foul Evil Deeds
Royaume-Uni, 2024
De Richard Hunter

Durée : 1h48

Sortie : –

Note :

TOUT L’INFÂME DE TA VIE

Foul Evil Deeds raconte plusieurs histoires, passant de l’une à l’autre sans que celles-ci se rencontrent. Toutes mettent en scène des personnages qui vont être amenés à mal se comporter (on pourrait plus ou moins traduire le titre par « conduite innommable ») par lâcheté ou par la force des choses. Certaines de ces actions ne vont pas dépasser le cadre de l’incivilité quotidienne un peu minable, tandis que d’autres vont aller beaucoup plus loin dans le sordide et l’infâme. Ce que ces histoires partagent, c’est un mélange de rythme (les scènes sont toujours brèves) et de froideur (les couleurs sont glacées, la caméra se tient à distance et les rapports humains sont remplis de distance).

Foul Evil Deeds est un film britannique mais son ton pince-sans-rire et sa structure mosaïque rappellent directement la Scandinavie, évoquant une version fauchée de Roy Andersson ou, plus directement encore, Happy Sweden de Ruben Östlund. Le cinéaste Richard Hunter cite ces derniers en référence, ainsi que Michael Haneke mais le manque de légèreté de certains gags (le rideau rouge qui se lève en introduction, des gros plans sur des animaux morts) l’éloignent peut-être davantage du cinéaste autrichien. Foul Evil Deeds évolue en équilibre sur la frontière entre rire et malaise et l’harmonie entre ces deux pôles varie selon les récits.

Les personnages vont-ils juste mal se garer ou bien se transformer en assassins ? L’une des bonnes trouvailles du film et de nous maintenir longtemps dans l’ignorance du degré de gravité de chaque récit, et de la nature même des événements qui vont s’y tenir. Le revers de la médaille est qu’en voulant démontrer la banalité du mal, le scénario se contente un peu trop longtemps de nous montrer des choses banales en attendant les dénouements. L’imprévisibilité de ces derniers demeure néanmoins un sympathique moteur, et si certaines histoires sont plus payantes que d’autres (la plus satisfaisante étant sans doute celle du prêtre en proie à un chat envahissant), l’ensemble fait néanmoins preuve d’une qualité trop rare : la méchanceté.

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par Gregory Coutaut

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