Critique : Février

Aux confins de la Bulgarie rurale, Petar traverse les saisons et le temps de sa vie humble : le travail, la terre, les brebis… À l’écart du monde des hommes, il suit son chemin et accepte son destin sans regret.

Février
Bulgarie, 2020
De Kamen Kalev

Durée : 2h05

Sortie : 30/06/2021

Note :

THREE TIMES

Trois époques, trois segments et un même protagoniste. Le dispositif de Février, nouveau long métrage du Bulgare Kamen Kalev, est limpide – et sa tonalité générale tranche assez avec celle de ses précédents films. C’est la beauté bucolique de la nature qui nous submerge d’abord dans la première partie, celle de l’enfance du héros et de sa découverte silencieuse du monde. Un point d’eau ici, une grange vide là : Kalev saisit avec talent quelque chose d’épuré et de magique – plus précisément c’est l’épure qui fait surgir le merveilleux. Ce premier segment est un vrai bijou.

Ce sont les différents rites qui jalonnent une vie que raconte Février. L’apprentissage d’un enfant, l’initiation d’un jeune homme, plus tard, lors de son service militaire. Mais qu’apprend-il ? Essentiellement, à ânonner des inepties nationalistes. « A quoi tu rêves ? Tu es toujours ailleurs » dit-on au héros, sur le ton du reproche. A quoi rêve le protagoniste ? On ne le sait guère, celui-ci se sent visiblement plus proche des goélands qui passent que des humains qui l’entourent. S’extrait-il du monde ou est-il davantage en prise avec lui, et avec la grandeur qui l’entoure ?

La troisième partie, où le héros est vieillissant, est à nos yeux moins stimulante. C’est une partie où l’on dit et explique davantage, là où le sens du mystère et de la retenue de Kalev faisaient tout dans les premiers segments. Février est néanmoins porté par une remarquable puissance poétique et raconte avec finesse la solitude de son héros, quel que soit son âge.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article