Berlinale | Critique : Femme

Célébré pour ses performances en tant qu’Aphrodite Banks, Jules a une place de choix parmi les artistes drag de la scène londonienne. Un soir, après un spectacle, Jules sort chercher des cigarettes et est brutalement attaqué par un homme. Quelques mois plus tard et encore traumatisé, il reconnaît son agresseur par hasard dans un sauna gay.

Femme
Royaume-Uni, 2023
De Sam H. Freeman & Ng Choon Ping

Durée : 1h39

Sortie : –

Note :

VIVRE ENSEMBLE

Femme est le premier long métrage des Britanniques Sam H. Freeman et Ng Choon Ping, et il s’agit par ailleurs de l’adaptation de leur propre court portant le même titre. Ce film réalisé il y a deux ans a obtenu un solide succès, en étant sélectionné entre autres au Festival SXSW ou en récoltant une citation aux BAFTA. Femme (version longue) est dévoilé cette fois à la Berlinale et pose des questions pertinentes sur la relation pour le moins inattendue entre ses deux protagonistes : une drag queen agressée après un show par un homme qu’elle va retrouver quelques mois plus tard… dans un sauna gay.

C’est de masculinité toxique dont il est ici question. Les deux cinéastes racontent l’homophobie intériorisée des garçons masc4masc (jouer avec le personnage de Chun-Li lors d’une partie de Street Fighter serait déjà trop gay), mais aussi les expériences queer que sont vivre avec ses traumas, et cette angoisse pouvant être ressentie dans des espaces considérés comme hétéros (en gros, partout : une supérette, une rue, un ascenseur, un appartement).

Les homos homophobes et dans le placard font-ils autant partie de la communauté LGBT, et si oui à quel prix ? Qui gagne quoi dans le revenge porn ? Si ces questionnements sont passionnants, le film documente plus qu’il n’incarne, pointe du doigt plus qu’il n’examine en profondeur. Femme n’explore qu’en surface la perversité de sa situation et manque peut-être d’un point de vue plus fort pour rendre le personnage d’Aphrodite/Jules plus intéressant. Le long métrage s’attelle néanmoins à de riches problématiques et fait preuve d’un savoir-faire narratif très correct.

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par Nicolas Bardot

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