Eva, 33 ans, décide de rester à Madrid pour le mois d’août, tandis que ses amis sont partis en vacances et ont fui la ville. Les jours s’écoulent dans une torpeur madrilène festive et joyeuse et sont autant d’opportunités de rencontres pour la jeune femme.
Eva en août
Espagne, 2019
De Jonás Trueba
Durée : 2h09
Sortie : 05/08/2020
Note :
SOLEIL TROMPEUR
« Août est le mois parfait pour faire des choses qu’on ne s’autorise pas le reste de l’année », dit-on dans Eva en août. On entend même, plus loin, que cette saison est parfaite « pour être soi-même » – vaste programme. Lorsque Eva, l’héroïne du long métrage de l’Espagnol Jonas Trueba (lire notre entretien), décide de passer l’été dans la fournaise de Madrid, la jeune femme ne semble pas avoir immédiatement de plan. Trueba filme avec élégance l’oisiveté silencieuse de son héroïne, les rayons de soleil qui se posent délicatement sur elle lorsqu’elle paresse sur un canapé – et la caméra est souvent en position d’observation, attentive et à distance, lorsque Eva parle ou lorsqu’elle écoute.
C’est un regard sensible que l’on pose sur l’héroïne (incarnée par la formidable Itsaso Arana), mais aussi sur la ville, sur ce moment au ralenti. Sur les promenades et les lectures solitaires. Sur les étoiles contemplées, sur les soirées autour de tapas, sur les rencontres au hasard ou les retrouvailles gênées. Il y a quelque chose de Hong Sangsoo dans cette errance douce-amère et poétique, dans ce récit à la fois trivial et existentiel.
Car « qu’est-ce qui se passe avec moi ? », finit par se demander Eva. La grâce du long métrage tient dans le fait qu’il reste en pointillés. C’est une histoire irrésolue, comme un journal qui n’a pas de fin. Eva se questionne sous les brumisateurs, et parfois elle ne se questionne plus, on ressent juste le temps qui s’écoule lors de ce mois qu’on dit différent des autres – mais s’agit-il vraiment d’une parenthèse ?
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par Nicolas Bardot