TIFF 2024 | Critique : En boucle

Une nouvelle journée commence à l’auberge Fujiya, nichée au cœur des montagnes japonaises. Une journée comme les autres… ou presque : car les uns après les autres, les employés et les clients se rendent compte que les mêmes 2 minutes sont en train de se répéter à l’infini… Certains veulent en sortir, d’autres préfèrent y rester, mais tous cherchent à comprendre ce qui leur arrive.

En boucle
Japon, 2023
De Junta Yamaguchi

Durée : 1h26

Sortie : prochainement

Note :

ON EST PAS SORTI DE L’AUBERGE

Le cinéaste japonais Junta Yamaguchi s’était fait remarquer en 2020 avec Beyond the Infinite Two Minutes, un premier film fou, sorti de nulle part, qui avait fait le tour de tous les festivals de films fantastiques du monde avant de sortir en VOD en France. Bricolée par un collectif de théâtre, cette farce diablement habile plongeait ses personnages dans un tourbillon de paradoxes temporels s’enchainant à vitesse grand V. Le schéma d’En boucle, le très attendu second long métrage de Yamaguchi, obéit à une structure similaire, et il n’y a pas longtemps à attendre pour être gagné par un même vertige hilare. Et en bonus cette fois : un décor plus ludique encore.

Dans une auberge pleine de recoins, nichée dans une valée enneigée, le personnel et les clients se retrouvent pris d’un sentiment de déjà vu. Les flocons ont beau continuer de tomber et le ruisseau voisin de s’écouler paisiblement, le temps décide soudain de se rembobiner toutes les deux minutes, les enfermant tous et toutes dans une boucle sans fin. Comme dans le plus bref des escape games, ils n’ont que deux minutes à chaque fois pour tenter de résoudre cette énigme surnaturelle avant de se retrouver projetés au point de départ. Yamaguchi construit là un film de science-fiction sans aucun effet spécial, avec des moyens modestes et un décor unique, mais dont le minimalisme est contrebalancé par l’inventivité du scénario.

Jusqu’où peut aller la politesse des jeunes hôtesses confrontées à des clients débiles et exigeants ? Qu’arrive-t-il si le temps s’arrête pendant qu’on est aux toilettes ? Comment calculer les salaires de cette journée sans fin ? En boucle perd un peu de son souffle en route et à l’approche de son dénouement (il faut dire que tout cela démarre sur des chapeaux de roue), mais pas de son charme. Cette drôle de ronde fait des détours vers l’horreur et (plus inattendu) vers la comédie romantique, mais l’ensemble n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il assume toute son imprévisible bouffonnerie, et que tout le monde se court après comme dans une pièce de boulevard devenue folle.

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par Gregory Coutaut

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