Berlinale | Critique : Dark Glasses

Une prostituée italienne, rendue aveugle par un tueur en série lors d’une attaque, recueille un jeune chinois dont la vie a également été détruite par les actions du maniaque. Il va devenir son allié dans une lutte terrifiante pour se débarrasser définitivement du tueur en série…

Dark Glasses
Italie, 2022
De Dario Argento

Durée : 1h30

Sortie : –

Note :

D’UN SIMPLE REGARD

Malgré tout l’amour que l’on porte à Dario Argento, la dernière fois que nous avons été vraiment enthousiasmés par l’un de ses films remonte au siècle dernier. Sans atteindre le miracle d’un Suspiria ou des Frissons de l’angoisse, Dark Glasses constitue à nos yeux le meilleur Argento depuis des lustres – on se frotte presque nos lunettes pour y croire. Le scénario du film remonte lui-même à une vingtaine d’années : c’est un ancien projet finalement mis de côté, et exhumé par la fille du cinéaste, Asia Argento, par ailleurs présente au casting dans un second rôle.

Ce script est relativement épuré, comporte probablement des raccourcis et approximations – mais personne n’a jamais regardé de films de Dario Argento pour leur finesse psychologique en premier lieu. Ce n’est pas une manière de glisser les défauts sous le tapis : c’est l’excitation formelle du giallo qui prime, son excès baroque, son absence de peur du ridicule et du mauvais goût – certainement pas son caractère vraisemblable. Dark Glasses s’ouvre en terrain familier, à l’ombre des pins parasol romains, et explore des figures tout aussi familières (la prostituée au grand cœur) dans un jeu de piste plaisant à plus d’un titre.

D’abord parce qu’il y a des plaisirs simples et cinégéniques comme ce plan où une prostituée opiniâtre déambule dans une rue dangereuse sur un beat de techno 90s – il n’y a parfois guère besoin de réinventer le genre. Ensuite parce qu’après les effets spéciaux discutables de son Dracula, Argento revient à des maquillages plus physiques, sans affreuses gerbes de sang numérique – si cela saigne, cela doit tacher. Enfin (et c’est peut-être une qualité plus méta), parce que le film, finalement assez tendre entre deux égorgements, propose une sorte de voyage dans le temps avec cette façon de faire qui peut certes paraître désuète, mais dont le charme est assez indéniable. Aucune raison à nos yeux de bouder notre plaisir devant ce thriller efficace.

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par Nicolas Bardot

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