Festival Black Movie | Critique : Children of the Mist

Di a douze ans et vit dans les montagnes du nord du Vietnam. Avec sa famille, elle attend les festivités du Nouvel An lunaire, durant lesquelles les hommes Hmong enlèvent des jeunes filles afin de les épouser.

Children of the Mist
Vietnam, 2021
De Hà Lệ Diễm

Durée : 1h30

Sortie : –

Note :

MARIÉE À TOUT PRIX

Ce n’est alors qu’un simple jeu : au début de Children of the Mist, des jeunes filles s’amusent à mimer un enlèvement, elles performent les adieux éplorés aux parents, c’est un jeu de rôles accompagné de grands éclats de rire. Mais voilà pourtant le triste sort qui attend des jeunes filles de la communauté Hmong que la Vietnamienne Hà Lệ Diễm filme dans son premier long métrage. Diễm, elle-même issue d’une autre minorité (les Tay), documente le quotidien de jeunes adolescentes susceptibles d’être kidnappées et mariées selon une tradition ancestrale.

Quels dangers encourent les jeunes filles ? Hà Lệ Diễm filme une nature majestueuse mais le vert des montagnes est rapidement voilé par la brume. La cinéaste raconte la vie rurale, traditionnelle, quelque part au nord du Vietnam. Les discussions sont volontiers matérialistes, et la marchandisation des adolescentes semble en être l’extension logique. Si les filles peuvent entrevoir la possibilité de faire des études, il y a aussi probablement un mari à servir, des parents à aider. Quel horizon pour elles lorsqu’elles peuvent être échangées contre du vin et des poulets ?

Les jeunes héroïnes (dont la principale, Di), ne sont ni dupes ni naïves. Diễm capte les discussions cash où les langues se délient. La cinéaste, plus généralement, fait preuve de talent pour saisir tout ce qui se joue, du drame à l’anecdote. Jusqu’à ce que la caméra rejetée ne soit plus la bienvenue, lorsque celle-ci pointe l’hypocrisie monstrueuse des discours sur le consentement quand une jeune promise peut être trainée par terre contre son gré. Avec empathie et complexité, Diễm peut aussi aller voir le jeune futur époux, qui lui-même ne sait pas pourquoi les choses se passent ainsi. Di est censée sourire, même quand elle n’a envie que de pleurer. Hà Lệ Diễm filme avec sensibilité une enfant qui a déjà la nostalgie de son enfance. « Le temps passe-t-il plus vite dans les montagnes du nord du Vietnam » ?

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par Nicolas Bardot

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