Caiti Lord a une voix magnifique qu’elle compte bien utiliser pour faire autre chose que vendre des cherry cocktails. Tandis que la folie s’empare des États-Unis, dans l’absurdité la plus inquiétante, Caiti éprouve un sentiment d’asphyxie grandissant. Alors, Caiti chante. Un blues.
Caiti Blues
France/Canada, 2023
De Justine Harbonnier
Durée : 1h24
Sortie : 19/07/2023
Note :
A VOIX BASSE
Caiti se confie au micro de sa radio locale. Telle Adrienne Barbeau dans son phare de Fog, Caiti occupe un poste de vigie : de là où elle parle, elle peut observer la nature du Nouveau Mexique à travers la fenêtre. C’est une contemplation extérieure et intérieure – et le blues du titre désigne autant celui que la jeune femme joue à la guitare que celui qui habite sa vie, son cœur et le décor. Des vidéos d’elle enfant, en apprentie artiste rêvant de comédies musicales, viennent rappeler les espoirs évanouis de Caiti.
Si son héroïne est attachante, Caiti Blues fait malheureusement partie de ces documentaires où l’on a le sentiment qu’un personnage devrait suffire à faire un film. Or, tout ce qui est révélé sur Caiti est dit par elle-même, et le documentaire n’a jamais aucune perspective ni point de vue supplémentaire par rapport à ce qu’elle articule avec lucidité. Caiti a plus de personnalité que ce long métrage, un reproche que l’on peut faire à toute une famille de documentaires un peu trop paresseux.
Le film appartient d’ailleurs à une autre terne famille : celle des documentaires faits par des cinéastes français et dont l’imaginaire sur l’Americana reste toujours un peu figé. C’est un séduisant univers cinégénique certes, mais ce décor, sans regard singulier, peut aussi être rapidement stéréotypé. Caiti fait la sieste, Caiti prend une douche, et le documentaire flirte régulièrement avec l’anecdote. Il reste néanmoins un regard tendre (notamment sur la chaleureuse scène queer racontée ici de manière totalement dédramatisée) et une douceur dans ce portrait bienveillant.
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par Nicolas Bardot