Festival CPH:DOX | Critique : Bakken

Bakken est une déambulation expérimentale dans l’un des plus vieux parcs d’attractions au monde.

Bakken
Danemark, 2021
De Adrian Skarstad, Theodor Nymark, Ömer Sami, Mikkeline Daa Natorp, Rikke Norgaard Hansen, Mary Cvathe, Thomas Dyrholm, Niels Østergaard, Claes Hedlund, Anna Rettl, Louis Franscisco Vernal, Yujin Jung, Mikkel Kruse, Bertram von Undall, Andreas Tang, Nanna Buch, Amr Hatem, Sofus Agger, Amin Zouiten, Signe Raunkjær et John Skoog

Durée : 1h01

Sortie : –

Note :

TOURNEZ MANÈGE !

Bakken est l’un des parcs d’attractions les plus anciens au monde, et a été fondé officiellement en 1583. Il se situe au Danemark, au nord de Copenhague. La caméra de ce documentaire, réalisé par un collectif d’une vingtaine d’étudiant.e.s, s’y engouffre à pas feutrés. Celle-ci avance lentement dans la nature et l’on distingue peu à peu l’ombre des montagnes russes, on perçoit de plus en plus les cris et les rires. Finalement, lorsque la caméra s’approche suffisamment, ce sont les néons lumineux qui rayonnent à l’image – comme si l’on avait finalement trouvé là un lieu caché et merveilleux.

Le capharnaüm sonore s’oppose très vite – et ce de manière assez étonnante, aux mouvements fluides et placides de l’image. Ce pourrait être un serpent qui entre dans ce paradis de l’hédonisme, ce pourrait être un esprit qui rôde. Le son parvient à raconter tout le documentaire : sa progression et son tourbillon, le silence ou le chant des oiseaux. Ce travail remarquable sur l’environnement sonore fait de Bakken un film qu’on écoute autant qu’on contemple.

Il y a un regard posé sur ce décor utopique : plutôt fasciné par le voyage imaginaire proposé au fil des attractions, interloqué par l’air halluciné des canards de manège. Mais il n’y a pourtant aucun effet, aucune narration – tout ce que le spectateur ressent, c’est ce que la caméra muette suggère. Bakken propose également une expérience du temps – lorsque parfois s’invite l’illusion d’être dans un village du passé comme si l’on avait traversé une dimension, ou lorsque, de manière plus concrète, on ressent le crépuscule, l’aube, et la roue du temps. En trois longues prises, Bakken met en scène une expérience à la fois ultra-minimaliste mais aussi riche, faisant naître cette curieuse fascination propre aux endroits vides et peuplés de fantômes.

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par Nicolas Bardot

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