Critique : Archipel

Documentaire à demi inventé sur le Québec et sur les îles du fleuve Saint-Laurent, réelles ou fabulées. Archipel est un long métrage d’animation pour deux récitants, un film au dessin libre et à la langue précise qui dit et rêve un territoire et ses habitants, pour dire et rêver un peu du monde et de l’époque.

Archipel
Canada, 2021
De Félix Dufour-Laperrière

Durée : 1h12

Sortie : 07/12/2022

Note :

LA VOIX DU FLEUVE

Archipel est le second long métrage d’animation du Canadien Félix Dufour-Laperrière après Ville Neuve qui fut repéré à la Mostra de Venise, avant de sortir dans les salles françaises en 2019. Plus précisément, Archipel est une œuvre hybride qui mêle à la fois animation et images en prises de vue réelles (dont des images d’archives), documentaire et approche fictionnelle. Le hasard des sélections de festival fait qu’on a pu voir un autre film à Rotterdam où la voix-off n’est pas directement en lien avec les images : Landscapes of Resistance de la Serbe Marta Popivoda. Dans Landscapes, cette absence d’ « accompagnement » visuel renforce le poids du texte. Dans Archipel, c’est peut-être une autre histoire.

Le texte d’Archipel, entre poésie et philosophie, est très présent. On a parfois le sentiment qu’il envahit trop l’écran. Lyrique, très précieux, il peut avoir, dans ses plus mauvais moment, quelque chose de pédant. On pense ces dernières années au contre-exemple d’Ascent de l’artiste plasticienne Fiona Tan, qui faisait le portrait kaléidoscopique du Mont Fuji, de sa réalité aux fantasmes qu’il suscite, le tout assez harmonieusement habité par une voix-off poétique. L’équilibre à nos yeux est plus maladroit dans Archipel.

Cela n’empêche pas le film d’être d’une saisissante beauté. On parle, dans Archipel, de ne pas respecter « les limites de la carte ». L’animation dans le long métrage ne semble en effet s’imposer aucune limite. L’inventivité formelle est permanente et permet au film de ne jamais tourner en rond. C’est aussi en cela qu’on peut regretter la place du texte car finalement, l’émotion dans Archipel naît essentiellement de la poésie visuelle – comment ces formes abstraites parviennent mieux que les mots à saisir d’authentiques sentiments.

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par Nicolas Bardot

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