Au lendemain de la guerre au Kosovo, des enfants se battent pour survivre. Des années plus tard, la réalisatrice retrouve les protagonistes, toujours en lutte pour leur avenir.
Afterwar
Danemark, 2024
De Birgitte Stærmose
Durée : 1h25
Sortie : –
Note :
EN GUERRE
Il n’y a pas de doute : la patine des images qui ouvrent Afterwar indique que celles-ci appartiennent au passé. Pas seulement au passé : au siècle précédent, en 1999. Ce sont des images de guerre au Kosovo : des flammes, un cheval à terre, des foules qui se déplacent. Une fillette confie ses espoirs, et s’adressant à la caméra. C’est du passé mais très vite on constate qu’il en reste des traces : un père blessé, une mère pauvre qui essaie de subvenir aux besoins de sa famille. Aucun film, entend-on, ne peut vraiment raconter l’horreur de la guerre, notamment vécue par les enfants. C’est pourtant à cela que s’attache La Danoise Birgitte Stærmose dans son long métrage dévoilé à la Berlinale dans la section Panorama.
Comment raconter l’indicible ? Afterwar prend le parti de mêler fiction et documentaire dans ce projet hybride. On témoigne de ce qui a pu se passer, face caméra, les yeux dans ceux du public. Cet autre autre parti-pris, qui peut sembler parfois maladroit et appuyé, trouve sa justification dans la réflexion générale du long métrage ; d’une part sur la difficulté de raconter et de rendre compte de la guerre, et d’autre part sur la manière de mettre en scène ces témoignages. Ainsi, la fiction peut prendre le relai du documentaire lorsque ce qui est joué permet de mieux empoigner la réalité.
Staermose a rencontré les protagonistes que l’ont voit dans Afterwar il y a une quinzaine d’années, lors du tournage de son court métrage Out of Love. Les visages ont changé, mais les personnes sont les mêmes, vendent parfois les mêmes choses, au mêmes endroits. Les guerres sont enseignées avec une date de début et une date de fin. Avec intelligence et honnêteté, le film raconte quelque chose de plus complexe et moins confortable : la guerre n’est pas une parenthèse, elle n’est jamais vraiment finie : « elle s’installe comme une peste ». Cette idée puissante se constate parmi les hommes et les femmes, c’est une violence traumatique qui est également racontée par les décors. « Je prie pour que raconter notre passé douloureux puisse faire de notre futur une joie » dit l’un des protagonistes. Qu’y a-t-il après cette longue nuit ? Reste t-il une autre issue que de fuir ? L’un des personnages du film affirme qu’« il y a toujours des jours meilleurs devant nous ». « Tu y crois vraiment ? », lui rétorque t-on.
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par Nicolas Bardot