Mostra de Venise | Critique : After Party

L’insouciante Jindřiška, 23 ans, découvre que son père doit beaucoup d’argent lorsque des agents de recouvrement arrivent pour confisquer leur maison. En une seule journée, le monde de Jindřiška s’effondre, l’obligeant à choisir entre aider son père ou se sauver avant qu’il ne soit trop tard.

After Party
Tchéquie, 2024
De Vojtĕch Strakatý

Durée : 1h29

Sortie : –

Note :

MON PAPA A MOI EST UN GANGSTER

Tout débute par des gloussements. Les premières images ne sont même pas encore apparues à l’écran que l’on entend déjà le rire étouffé de l’héroïne. Comme l’indique son titre, After Party débute une fois la fête terminée, alors que des adolescents se séparent au petit matin pour rentrer décuver chacun chez leurs parents. Cela pourrait être sinistre, mais ces moments de flottements dans un parc désert ouvrent au contraire ce récit sous un angle très paisible. Ces jeunes-là n’ont dérangé personne, même pas la nature autour d’eux. Au contraire, c’est plutôt à l’intérieur des maisons familiales que se trouve le problème. 

Malgré son air juvénile, Jindřiška n’est plus une enfant mais les affaires de ses parents l’indiffèrent visiblement, même si cela lui permet de vivre dans des conditions confortables. A peine rentrée au foyer sur la pointe des pieds, son dégrisement est immédiat puisqu’en dépit de l’heure matinale, des huissiers sont déjà en train d’embarquer tout ce qui a de la valeur. On le comprend vite entre les lignes : le père de Jindřiška doit beaucoup d’argent à beaucoup de monde. Et comme par hasard, ce grand homme a décidé de se mettre aux abonnés absents. After Party va raconter la journée d’une grande enfant qui va devoir prendre une décision : rester solidaire avec son père irresponsable ou bien prendre son envol.

Le cinéaste tchèque Vojtĕch Strakatý signe son premier long métrage avec ce récit d’apprentissage qui respecte l’unité de temps (une unique journée) et presque celle du lieu (l’héroïne ne peut pas fuir bien loin avant que la dette familiale la rattrape). Cette échelle réduite, couplée à un sentiment d’immersion (apportée par les nombreux plans rapprochés sur le visage de l’actrice) auraient aisément pu faire d’After Party un film à suspens. Comme dans sa scène d’introduction, Strakatý privilégie au contraire une certaine douceur dans l’image et dans le ton. En arrondissant ainsi les angles, cette parabole anti-traditions perd peut-être de son mordant politique (notamment dans son dénouement abrupt), mais l’ensemble demeure accessible et touchant, et n’a aucune naïveté au moment de nous inviter à envoyer paître ces grands bourgeois cyniques et grippe-sous qui se vantent de « travailler pour offrir un meilleur avenir à nos enfants ».

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par Gregory Coutaut

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