A voir en ligne | Critique : After My Death

Kyung-min a disparu. Le sac à dos de la lycéenne a été retrouvé au milieu d’un pont, au-dessus du fleuve. Elle avait passé une partie de la nuit avec deux camarades de classe, dont Young-hee qui tout de suite apparaît aux yeux de tous comme la responsable de la disparition de sa camarade. Mais que s’est-il vraiment passé, cette nuit-là ?

After My Death
Corée du sud, 2017
De Kim Ui-Seok

Durée : 1h53

Sortie : 21/11/2018 (04/05/2022 sur Mubi)

Note : 

LA FILLE FANTÔME

After My Death est le premier long métrage de Kim Ui-Seok (lire notre entretien), qui n’a pas perdu de temps avant d’être remarqué puisqu’il a été couronné l’an passé au Festival de Busan. Le jeune réalisateur, qui a auparavant travaillé sur le tournage de The Strangers de Na Hong-Jin, signe un drame en milieu scolaire, un genre en soi que le cinéma coréen semble avoir beaucoup exploré. Mais très rapidement, After My Death impose son propre ton, comme lors de ces courtes premières séquences qui parviennent à la fois à être froidement factuelles et mystérieusement elliptiques.

Au cours d’After My Death, l’un des professeurs se félicite de la qualité des élèves qui fréquentent l’école. Et si l’héroïne est tenue responsable du suicide d’une de ses camarades de classe, si elle sert de bouc-émissaire aux autres lycéennes et si les adultes sont incapables d’avoir une quelconque empathie envers elle, l’important est de sauver la face. After My Death fait le portrait ici d’une micro-société – et d’une société entière – où règne l’hypocrisie, et où tout est mise en scène, de la reconstitution d’un décès à la spectaculaire cérémonie chamanique qui accompagne le deuil.

Kim, avant tout, raconte la solitude de sa jeune héroïne et la pression exercée sur les membres d’une société qui n’appartiennent pas à la norme acceptée. Et le récit noir se drape peu à peu de la texture d’un cauchemar ; le réalisateur fait craquer les coutures du drame coréen programmatique pour flirter avec l’horreur. Ce n’est peut-être pas un hasard de la part d’un admirateur de Kiyoshi Kurosawa qui tantôt filme ses actrices (toutes excellentes) dans des lieux aux lumières et couleurs contrastées, et qui parfois semble les plonger dans des limbes fantastiques.

Au final, comme il est demandé dans le film, « Qu’est-ce qui a été résolu ? ». Après quelques visions frappantes et déroutantes, Kim préfère les points de suspension comme lors de cette fin au bord de la folie, aussi glaçante que stupéfiante.


>> After My Death est disponible sur Mubi

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article