Critique : After Blue (Paradis sale)

Dans un futur lointain, sur une planète sauvage, Roxy, une adolescente solitaire, délivre une criminelle ensevelie sous les sables. A peine libérée, cette dernière sème la mort. Tenues pour responsables, Roxy et sa mère Zora sont bannies de leur communauté et condamnées à traquer la meurtrière. Elles arpentent alors les territoires surnaturels de leur paradis sale…

After Blue (Paradis sale)
France, 2021
De Bertrand Mandico

Durée : 2h07

Sortie : 16/02/2022

Note :

CONSTELLATION DU CŒUR

Dans un avenir lointain, les humains ont dû quitter la terre et chercher une autre planète plus ou moins hospitalière. Cette planète c’est After Blue. Un désert de quartz étrange et sexy, où règne une forme de sauvagerie plus préhistorique que futuriste. Cette planète, c’est aussi le cinéma de Mandico, qui arrive à nos yeux éberlués comme s’il était en provenance directe d’une autre dimension. Sur cet astre lointain qu’il consent à nous faire visiter le temps de ce film-trip, Mandico n’a apporté que des femmes. Les hommes n’ont pas survécu à ce dépaysement brutal. Afer Blue est donc un No man’s land où les femmes ont tout à réinventer, où chaque norme est à repenser.

Dans cette galaxie hallucinée, l’horizon n’a pas de limite. Combien de cinéastes peuvent se vanter de pouvoir ainsi créer un monde entier en un seul film? Si After Blue (Paradis sale) est un vaisseau spatial, son moteur est la promesse permanente que pas une cloison ne restera debout, que pas une porte ne demeurera fermée sur l’inconnu. Ce cauchemar à la sensualité fiévreuse est également porté par le plaisir, contagieux et émouvant à la fois, d’offrir à des actrices des personnages aux dimensions inédites, comme il n’en existerait presque pas sur terre. La terrible méchante de ce récit s’appelle Kate Bush, et rien que ce nom est un cadeau magique.

After Blue (Paradis sale) est galvanisant, mais ne se dépare pourtant pas toujours d’une forme de claustrophobie. C’est en partie dû à une structure narrative un tantinet agaçante, qui voit la protagoniste interrompre régulièrement l’action pour nous faire des résumés face caméra (alors que la voix off de Nathalie Richard est par ailleurs déjà occupée à cette tâche). Les Garçons sauvages parlait déjà de la découverte progressive d’un monde hors-normes, il obéissait à cette notion de découverte perpétuelle en élargissant de plus en plus l’horizon de ses découvertes. La majeure partie d’After Blue (Paradis sale) se passe au contraire dans un même lieu, où une poignée de personnages n’en finit pas d’en attendre un autre. Le noir et blanc moiré des Garçons sauvages laisse ici place à une palette de couleurs étonnante et néanmoins restreinte (bleu, jaune et noir). Narrativement et visuellement, le film fait un peu du surplace. Le conte ronronne plus qu’il ne rugit, et finirait presque par bercer plus qu’il n’émerveille. Presque. Mais après tout, l’engourdissement n’est-il pas aussi le propre des rêves, même les plus ambitieux ?


>> A l’occasion de la sortie de After Blue (Paradis sale), retrouvez 9 courts métrages de Bertrand Mandico sur Mubi

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par Gregory Coutaut

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