Critique : Un jour si blanc

Dans une petite ville perdue d’Islande, un commissaire de police en congé soupçonne un homme du coin d’avoir eu une aventure avec sa femme décédée dans un tragique accident deux ans plus tôt. Sa recherche de la vérité tourne à l’obsession. Celle-ci s’intensifie et le mène inévitablement à se mettre en danger, lui et ses proches.

Un jour si blanc
Islande, 2019
De Hlynur Palmason

Durée : 1h49

Sortie : 29/01/2020

Note :

BLANC PRESQUE TRANSPARENT

Mais jusqu’où va aller cette pierre qui dévale les pentes et gagne en vitesse à chaque plan ? C’est une question qui se pose lors d’une scène de Un jour si blanc, second long métrage de l’Islandais Hlynur Palmason (lire notre entretien) qui figurait dans notre dossier des révélations de l’année 2018. Ce nouveau film est plus classique que son ovni Winter Brothers – voilà qui explique peut-être pourquoi le cinéaste a d’abord été découvert par Locarno avant d’être récupéré avec ce film par la Semaine de la Critique (dont le job est pourtant de faire des découvertes). Plus classique donc, avec ce récit de deuil obéissant davantage aux conventions que Winter Brothers qui se situait à l’intersection entre le narratif et l’abstraction, mais singulier malgré tout.

Un jour si blanc débute par un accident avec une voiture qui disparaît dans la brume. Puis une ellipse et le temps défile à travers une simple et formidable idée de mise en scène. Palmason décrit l’après, le deuil, l’absence, dans une nature qui reste assez sauvage. Les chevaux s’invitent par surprise dans le salon et on assomme les poissons fraichement pêchés sur le coin d’une table. Le héros du film est un quinquagénaire devenu veuf, qui ne sait que faire de son chagrin et qui va être peu à peu noyé par son obsession. Jusqu’où donc va aller cette pierre qui dévale ? Cela pourrait faire l’objet d’un thriller, mais au dénouement à suspens Palmason privilégie le drame psychologique.

Si l’étrangeté habitait tout Winter Brothers, celle-ci s’invite surtout par touches dans Un jour si blanc. Les ruptures et digressions sont nombreuses dans le long métrage, ce sont des détours surréels et des respirations sensibles comme cette scène superbe qui fait l’inventaire des restes et des traces de l’accident. On croit le récit sur des rails, il ne l’est pas toujours. De son climat brut nait une certaine tendresse, notamment dans la relation nouée entre le héros (Ingvar Eggert Sigurðsson, impressionnant) et sa petite fille. De l’expérimentation de Winter Brothers au solide drame de ce nouveau film, Hlynur Palmason fait preuve d’un talent prometteur dans des registres assez différents.

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par Nicolas Bardot

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