POLICE ACADEMY

Le Mexicain Alonso Ruizpalacios est de retour dans la compétition de la Berlinale trois ans après Museo. Museo était déjà un mélange ludique de genre, de la comédie au thriller. Le projet de Una película de policías se situe moins dans le registre de la farce, mais mélange là aussi les registres. Plus qu’une acrobatie, le floutage de genres chez Ruizpalacios est un moyen pour observer le mieux possible les différents reflets d’une question, d’un sujet. L’Histoire et son héritage dans Museo. Le rôle et la place de la police dans Una película de policías.

Le rôle de la police semble à première vue confortable dans Una película de policías : c’est celui des héros. Teresa vient au secours d’une mère enceinte, il n’y a aucune ambulance à l’horizon et c’est bien elle qui va mettre son bébé au monde. La voix-off raconte cette nuit rocambolesque, on s’attendrait presque à ce que Laurent Cabrol reprenne l’antenne sur le plateau de La Nuit des héros. Le générique enfonce le clou et joue la carte du cool, comme si l’on regardait un polar américain des années 70s avec ses flics swag en toute situation.

Mais Una película de policías déjoue les clichés du fantasme adolescent sur la police. En mélangeant vraie-fausse fiction, vrai-faux documentaire, Ruizpalacios examine l’imaginaire pop, fictionnel et idéalisé de la police, et la violence de ce qu’elle est réellement. « Personne de censé ne souhaiterait devenir flic dans cette ville », confie l’un des acteurs qui se filme pendant ce work-in-progress. Ruizpalacios a eu la bonne idée de faire jouer les rôles de policiers à des personnes qui ont eu l’expérience de la répression policière – à l’image de son actrice principale et indigène. A travers le jeu de rôles, le film questionne la formation, la compréhension de la loi, l’épreuve psychologique que cette position représente. Si son fil conducteur est parfois brouillon, Una película de policías a le mérite de poser des questions cinglantes à travers un défi narratif plutôt audacieux.

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