Festival de Rotterdam | Critique : I Shall See

Lot, 17 ans, perd la vue lors d’un accident. Son monde s’arrête brusquement. Elle est alors envoyée dans un centre de réadaptation pour personnes malvoyantes.

I Shall See
Pays-Bas, 2025
De Mercedes Stalenhoef

Durée : 1h36

Sortie : –

Note :

HISTOIRE D’UN REGARD

Comment grandir, se construire, expérimenter, et devenir adulte lorsqu’on se sent condamnée à 17 ans ? La vie de Lot est très loin d’être terminée, la jeune femme va vivre, mais ce dont elle est atteinte n’est plus réparable : Lot a perdu la vue. I Shall See, réalisé par la Néerlandaise Mercedes Stalenhoef, ne raconte pas un compte à rebours ou le cheminement d’un mal incurable car en effet, Lot devient aveugle tout à coup, suite à un accident idiot. Comme une punition absurde, qui lui tombe dessus, à un âge où les bêtises ne devraient pas avoir de conséquences aussi dramatiques.

I Shall See débute par une scène de plongée sous-marine – et dès le commencement du long métrage, c’est Lot qui regarde. Le film, dévoilé au Festival de Rotterdam dans la section non-compétitive Limelight, suit son parcours pas à pas et, au-delà de la cécité de son héroïne, I Shall See s’inscrit dans les codes plutôt classiques et efficaces du récit d’apprentissage. L’apprentissage de Lot est plus singulier que celui de ses camarades, mais certaines épreuves et découvertes sont universelles.

L’écriture de I Shall See nous a parfois paru un peu sage, privant l’ensemble de plus de relief. Si le chemin du personnage incarné de manière convaincante par Aiko Beemsterboer peut naturellement se révéler laborieux, cela vient parfois contaminer le film lui-même. I Shall See se distingue néanmoins par son approche sensorielle et ses respirations. Tandis que la jeune femme continue de voir dans ses rêves, Mercedes Stalenhoef met en scène un réel qui n’est plus vu, mais perçu autrement : par les bruits de la nature, le son d’une fête, la sensation de l’eau ou celle d’un baiser. Une manière habile et expressive d’être au plus près de sa protagoniste.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article