Critique : Domas le rêveur

Le petit Domas peut s’endormir n’importe où : la tête posée sur un bureau d’écolier, sur un banc public, ou même dans une cave sur une pile de matelas. C’est qu’il essaye par tous les moyens de retrouver dans ses rêves un mystérieux général qu’il a rencontré un après-midi au bord d’un lac. Ses camarades de classe, fascinés par l’histoire de ce général font tout pour lui faciliter le sommeil. Il se heurtera à un mauvais garçon qui ne cessera de lui jouer de mauvais tours.

Domas le rêveur
Lituanie, 1973
De Arūnas Žebriūnas

Durée : 1h06

Sortie : 25/12/2024

Note :

COMME UN AVION

La filmographie du cinéaste lituanien Arūnas Žebriūnas a été redécouverte en France grâce au superbe travail d’Ed Distribution. D’abord avec La Belle, un charmant récit d’apprentissage réalisé en 1969 et sorti chez nous l’été 2018. Puis avec La Jeune fille à l’écho, un autre récit initiatique et poétique, réalisé lui en 1960 et diffusé en France en 2020. A ces belles trouvailles s’ajoute la mise en lumière au Festival de Séville d’une autre rareté signée Žebriūnas : La Mariée du diable (parfois intitulé La Fiancée du diable), une comédie musicale fantasque, folklorique et surnaturelle réalisée dans les années 70.

Domas le rêveur a été réalisé à la même époque que La Mariée…, mais il s’inscrit de manière assez directe près des récits enfantins de La Belle et La Jeune fille. Le héros est cette fois un jeune garçon, confronté comme ses prédécesseuses à la cruauté du monde – et notamment la cruauté enfantine. Žebriūnas raconte le harcèlement scolaire ou les relations compliquées avec une mère revêche et réac. Mais on reconnaît également la grâce propre au cinéaste dans sa manière de dépeindre l’innocence enfantine confrontée au réel.

De quelles armes le petit Domas dispose t-il pour construire son monde idéal ? Ce monde, c’est celui des rêves rouges et intenses, bien plus forts que la réalité. Le rêve a un rôle vital, sa fantaisie permet d’échapper à l’ennui et aux tracas. L’imaginaire du jeune héros se retrouve à l’étroit dans la ville et ses règles étriquées. La nature, comme dans le pré-miyazakien La Jeune fille à l’écho, occupe une place précieuse. Le ton du film est vif, au plus près de Domas. Arūnas Žebriūnas dépeint de manière attachante l’histoire de ce garçon en quête d’émancipation, qui rêve d’un monde aussi libre que le trajet effectué par son avion dans le ciel.

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par Nicolas Bardot

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