MISE A JOUR SAFARI

Comme on pouvait s’y attendre pour un film faisant sa première mondiale dans la compétition du Festival de Rotterdam, sr n’est pas un documentaire animalier comme les autres. L’Allemande Lea Hartlaub fait le pari ambitieux de raconter la grande Histoire des girafes à travers les âges – ou plus particulièrement de ce qu’elles ont pu représenter à travers les continents et les époques. De fait, le long métrage établit autant voire davantage une Histoire du monde qu’une Histoire animalière. Les premières images de sr présentent une étendue naturelle, où l’on finit, presque en plissant les yeux, par distinguer des girafes. Peu après dans le film, une girafe apparait dans le coin du cadre, comme un clin d’œil.

Sr (le hiéroglyphe désignant la girafe dans l’Égypte antique) est donc une antithèse arty plutôt bienvenue aux recettes des documentaires animaliers. Le sujet semble inépuisable : quel pouvoir magique prêtait-on au girafes au temps des pharaons ? Que représentent-t-elles dans la mythologie chinoise ? Les images, traces et pièces datent parfois de milliers d’années – il n’y a en réalité pas tant d’images d’aujourd’hui dans le documentaire. C’est tout un vertige insoupçonné dans lequel la cinéaste nous invite.

Le film, néanmoins, a un côté catalogue de définitions qui crée une accumulation plus qu’un déploiement. Alors que sr finit par évoquer des pistes ésotériques proches de la magie, il lui manque à nos yeux une évolution, un cheminement. Cette raideur se retrouve également dans la voix-off qui examine froidement en plans fixes. Malgré ces réserves, la nature-même de ce projet singulier fait de sr une exploration ambitieuse et assez unique.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |