Nous vous proposons de terminer l’année avec un bouquet final pour notre Lundi Découverte. Die Tomorrow du Thaïlandais Nawapol Thamrongrattanarit est une pure merveille que nous avons découverte lors de la dernière Berlinale. Ce bijou hypersensible raconte le dernier jour de quelques protagonistes qui vont mourir demain. C’est une célébration de la vie d’une beauté éclatante qui figure dans notre liste des meilleurs inédits de l’année. On espère que le film sera prochainement visible chez nous ! En attendant, entretien express avec son réalisateur…
Quel a été le point de départ de Die Tomorrow ?
J’avais le sentiment que la mort ne m’était pas familière, que c’était une question concernant essentiellement les personnes âgées. Et puis ces dernières années, beaucoup de mes proches sont morts. Il y a eu aussi par exemple quelqu’un que je venais de rencontrer, et qui est mort quelques jours seulement après notre rencontre. Cela m’a fait prendre conscience que la mort est très proche de nous, elle n’a ni règles ni conventions. C’est pourquoi j’ai voulu faire un film tel que Die Tomorrow. Je me suis intéressé au jour avant que nous mourions, car le dernier jour de notre vie est selon moi le plus important.
Pouvez-vous nous parler de votre choix de longues prises et de plans séquences pour raconter ces différentes histoires ?
Je voulais que le film ait l’air simple et réaliste, composé de moments normaux où rien ne semble se passer. Je voulais éveiller un sentiment proche du film d’actualité ou du documentaire, qui enregistreraient la vie des gens à la veille de leur mort.
Le traitement visuel de votre film crée une atmosphère de grande douceur et de grande délicatesse. Comment avez-vous travaillé sur cette atmosphère avec votre directeur de la photographie ?
Pour chaque partie du film, les mouvements de caméra sont différents. Ils s’accordent selon une décision prise dès l’écriture. J’ai dit à mon directeur de la photographie que je souhaitais que le public soit à chaque fois dans une position d’observation, rien de plus. Qu’il contemple sans juger ce qu’il voit. L’idée était de pouvoir observer sans avoir à dramatiser ce qui apparaît à l’image.
Vous avez dit dans une interview que le film était pour vous comme un mémorial. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
J’ai fait un film sur des gens qui vont mourir demain – et de la même manière j’ai le sentiment que je peux tout aussi bien mourir demain également. Si cela doit être mon dernier film, j’ai envie de vraiment le faire en mon nom. C’est aussi pour cela que j’ai demandé à des acteurs avec qui j’ai déjà travaillé de me rejoindre sur ce projet, un peu comme pour des funérailles où plein d’amis se réunissent.
Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?
Je ne saurais citer un réalisateur en particulier, mais je peux vous donner des films que j’ai beaucoup aimés récemment, comme A Ghost Story de David Lowery, Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve, The Florida Project de Sean Baker ou Silence de Martin Scorsese. Ce sont pour la plupart des films qui parlent précisément de la relation entre l’esprit humain et l’espace où les protagonistes vivent.
Quel est le dernier film où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf ou de découvrir un nouveau talent ?
Je suis sans cesse en quête de nouveauté. C’est pour moi nécessaire de voir et apprendre tout le temps de nouvelles choses – c’est comme une manière de se mettre perpétuellement à jour.
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 16 décembre 2018. Un grand merci à Maria Ruggieri.
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