Festival CPH:DOX | Critique : Zoo Lock Down

La pandémie a paralysé la société, mais du point de vue animal, le monde n’a pas beaucoup changé. À moins, bien sûr, que vous ne viviez dans un zoo. Zoo Lock Down nous emmène visiter le zoo de Salzbourg, où le premier confinement a apporté avec lui un étrange silence. La vie des animaux du zoo se poursuit même sans visiteurs – mais au lieu d’enfants excités, les cris viennent de lémuriens et de flamants roses.

Zoo Lock Down
Autriche, 2022
De Andreas Horvath

Durée : 1h13

Sortie : –

Note :

LES ANIMAUX FANTASTIQUES

Si l’on a pu davantage découvrir l’Autrichien Andreas Horvath (lire notre entretien) avec sa première fiction, le vertigineux Lillian qui fut sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs avant de sortir chez nous en 2019, le cinéaste est avant tout un documentariste qui tourne depuis la fin des années 90. De Poroerotus à The Silence of Green en passant par Postcard from Somova, Romania, Horvath a examiné la relation de l’Homme aux animaux. C’est à nouveau le cas dans son dernier film qui se déroule directement dans un zoo.

A première vue, tout est normal : le premier plan de Zoo Lock Down montre un employé du zoo qui pénètre dans une fosse pour nourrir des animaux. Mais comme l’indique le titre du film, les conditions ici sont très particulières : Horvath a filmé ce zoo, à Salzbourg, pendant le confinement. Qu’est-ce qui change donc pour les animaux lors de cette période inédite pour l’Homme ? A première vue, pas grand chose : cela n’empêche pas les siestes d’ours, les bonds de singes ou les promenades de fauves.

La caméra du cinéaste saisit pourtant un changement de paradigme : les seuls humains présents, les employés, sont là au service des animaux. Les animaux, eux, ne sont plus au service de personne, ne sont pas là pour l’amusement de quiconque – ils vivent leur vie, dans un royaume miniature qui leur appartient. Mais Zoo Lock Down dépeint ainsi l’absurdité encore plus évidente du lieu : ce lion qui regarde un faux décor de savane, un congénère qui déambule dans de fausses ruines incas. Les vrais flamants roses sont surplombés par des sculptures en bois d’autres flamants, des faux perroquets ornent le lieu où se trouvent les vrais perroquets. Mais sans public, à quoi rime cette mise en scène ?

Les sièges en plastique sont vides, comme les allées du zoo. Les loutres et les pandas roux se prélassent. Il règne un étrange silence, perturbé de temps à autre par les bruits des animaux. Lillian racontait le périple profondément solitaire de son héroïne, jusqu’à un décrochage final et surréel suggérant une métamorphose animale – un retour à la nature. Dans Zoo Lock Down, les bêtes reprennent comme elles le peuvent leur place centrale, investissent les lieux délaissés par de fragiles humains : les sièges vacants sont désormais occupés par les lémuriens.

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par Nicolas Bardot

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