Danielle est en terminale et couche avec Max, un homme marié. Aujourd’hui, elle doit rejoindre ses parents à une Shiva, un rituel juif accompli après la mort d’un proche. Celle-ci va prendre une tournure inattendue lorsque Max y fait son apparition avec sa femme.
Shiva Baby
États-Unis, 2020
De Emma Seligman
Durée : 1h17
Sortie : 11/06/2021 (sur Mubi)
Note :
ICI BÉBÉ
Danielle sait ce qu’elle veut, du moins le croit-elle. Elle est en revanche incapable d’en convaincre son entourage. Dans la première scène de Shiva Baby, baignée dans la lumière d’un loft, elle a l’air d’une femme solide. Dès la scène suivante, alors qu’elle pénètre dans la maison où va se dérouler tout le film, elle redevient presque une fillette. La faute à sa tenue de deuil qui ressemble à un uniforme d’écolière ? La faute surtout à sa mère et ses proches, avides de potins et de jugement, qui l’assaillent de remarques sur sa carrière et sa maigreur jusqu’à l’infantiliser de façon ubuesque. Dès le pas de la porte passée, elle n’a plus aucune chance d’échapper au rôle irrésistiblement malaisant du bébé qui a bien grandi. La shiva, cérémonie funéraire juive à laquelle elle est conviée, pourrait alors tout aussi bien virer à la catastrophe, et c’est précisément ce qui arrive.
Dans une sympathique avalanche de tuiles, Danielle voit débarquer l’homme avec qui elle couche en secret, l’épouse de ce dernier accompagnée de leur bébé pleurnichard, ainsi que Maya, sa propre ex qui n’a pas l’air de vouloir lui pardonner. Redevenue la plus maladroite des ados, elle n’a plus qu’à se dépatouiller comme elle peut (c’est à dire mal, pour notre plaisir) avec ses secrets et ceux des autres.
Pour son premier long métrage, Emma Seligman joue sagement mais efficacement la partition d’une comédie névrosée, soulignant le crescendo de panique de Danielle par des instruments à corde dissonants. Adapté de don propre court métrage éponyme (et déjà sélectionné à Toronto), Shiva Baby peine peut-être à trouver la porte de sortie idéale. C’est aussi le trajet de son attachante héroïne bisexuelle, invitée claustrophobe d’une maison et d’une communauté où les liens peuvent s’avérer un peu trop serrés pour bien respirer.
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par Nicolas Bardot