Festival Visions du Réel | Entretien avec Yeon Park

L’Américaine Yeon Park a réalisé avec I Bought a Time Machine un court métrage curieux et enthousiasmant. Sélectionné cette semaine au Festival Visions du Réel, manifestation dédiée aux documentaires, ce film met en scène la cinéaste qui sur eBay a acheté, pour son père, une… machine à remonter le temps. Ce court propose une réflexion sensible sur la mémoire. Nous avons rencontré sa réalisatrice, dont vous pouvez voir le film en ligne sur le site du festival.


Quel a été le point de départ de I Bought a Time Machine ?

Cela remonte à 2008. Après avoir obtenu mon diplôme d’études secondaires, j’ai cherché un emploi à temps partiel de traductrice, de l’anglais au coréen. Un client m’a envoyé un mail me demandant de traduire un « manuel » pour une machine à voyager dans le temps. Il pensait que la machine à voyager dans le temps ne fonctionnait pas parce qu’il n’avait pas suivi les instructions correctement. J’ai traduit le manuel anglais en coréen, je me souviens avoir été payée environ 50 dollars, et je n’ai plus eu de nouvelles de lui depuis. Ce souvenir n’a pas cessé de me revenir pendant des années, presque d’une manière obsédante – au point où j’ai décidé de faire un film à ce sujet. Le point de départ du film est vraiment venu avec la machine à voyager dans le temps elle-même, et ma curiosité envers des gens qui prennent tout à fait au sérieux cette idée de voyage dans le temps.

A un moment de votre film, votre mère indique que sa machine à voyager dans le temps, c’est une peinture qui est accrochée sur l’un des murs de son salon. Quel serait votre machine à voyager dans le temps à vous ?

J’ai tendance à voyager dans le temps quand je nettoie ma chambre. Je trouve toujours quelque chose qui me ramène au passé, et que je regarde pendant des heures en plein milieu du nettoyage. Je redécouvre des lettres d’amis, des polaroids, des tickets de cinéma (de films que je ne me souviens même pas d’avoir vus), divers tickets et reçus. Et je fais ça depuis longtemps. Plus jeune, ma mère me tapait toujours sur mon épaule pour me sortir de ma rêverie afin que je puisse finir le nettoyage – ce qui arrivait rarement.

Le générique de fin est accompagné de photos de familles, d’images d’archives, d’extraits de dessins animés… Comment avez-vous sélectionné ces images nostalgiques ?

J’étais très enthousiaste à l’idée de sélectionner ces images. Elles sont principalement liées à mes souvenirs d’enfance en Corée – les choses que j’aimais faire ou regarder. J’ai effectué une longue recherche sur Youtube et j’ai choisi les images qui me faisaient rire et sourire.

Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?

J’adore l’imaginaire dont fait preuve Kidlat Tahimik dans son film Perfumed Nightmare. J’aime l’humour d’Alain Berliner dans ses films les plus intimes. J’aime la façon qu’a Sarah Polley de raconter des histoires. Je regarde beaucoup de films et récemment j’ai aimé House of Hummingbird de Kim Bora.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?

Il y a quelques jours, j’ai aimé le court Affurmative Action de Travis Wood, qui était sélectionné au Festival SXSW. Ce film de 4 minutes compile des captures de trombinoscopes sur des sites internet, présentant les différents membres de diverses boites. Je pense également à un autre court métrage, I Think This is the Closest to How the Footage Looked de Yuval Hameiri et Michal Vaknin, un film brillant qui traite d’un deuil d’une manière totalement inédite.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 19 avril 2020. Un grand merci à Gloria Zerbinati.

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