Festival Kinotayo | Critique : Killing

Au milieu du dix-neuvième siècle, le Japon quitte l’époque féodale pour entrer dans une nouvelle ère. Un ronin vivant auprès de paysans assure la tranquillité du village, jusqu’à ce qu’on lui propose de rejoindre un groupe de mercenaires.

Killing
Japon, 2018
De Shinya Tsukamoto

Durée : 1h20

Sortie : –

Note : 

Il semble y avoir plusieurs Shinya Tsukamoto dans la filmographie du cinéaste japonais. Il semble seulement, car si des films tels que Tetsuo, Gemini ou Killing paraissent appartenir à des univers très différents (le cyberpunk urbain, l’adaptation littéraire fantastico-arty, le film de sabre en costumes), ils sont unis par un même esprit iconoclaste plus ou moins évident. L’avant-dernier long métrage de Tsukamoto, Fires on the Plain, était lui aussi iconoclaste : un film violemment anti-guerre dans une période où, comme l’a commenté le cinéaste, les gens acceptent de plus en plus l’idée d’une guerre.

Killing constitue avec Fires on the Plain un diptyque très cohérent. Killing s’ouvre pourtant sur les glorieuses braises et flammes qui accompagnent la création d’une épée qui semblent alors être l’objet d’un mythe. Mais cette épée ne sera pas mythifiée. L’image est brute, secouée par la caméra à l’épaule. L’esthétique est naturaliste, parfois un peu terne. Le rythme à vrai dire n’est d’abord pas particulièrement trépidant et l’on comprend peu à peu que Tsukamoto n’a pas envie de raconter cette histoire attendue de héros viril va-t-en-guerre maniant le sabre comme personne.

Si les gestes des combattants semblent assurés, la caméra ne les chorégraphie pas. C’est le choix effectué par Tsukamoto qui poursuit après Fire ce regard sur la violence. Celle-ci était terrible et gore dans son précédent film. Ici, elle pétrifie, glace et bloque – et le cheminement décrit est finalement beaucoup plus psychologique que physique. Au fur et à mesure que l’action de Killing (un titre comme une – fausse – idée en tête) se déploie, c’est la dimension mystérieuse, quasi-mystique dans cette forêt de cauchemar, qui prend le dessus. On ne l’avait pas immédiatement vu venir, et c’est une des bonnes surprises de ce long métrage surprenant et profond.

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par Nicolas Bardot

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