Wu, la vingtaine, vit dans une maison traditionnelle d’un hutong de Pékin. Elles se considèrent toutes les deux comme auteures, mais le succès ne leur a pas souri pour le moment. La relation mère-fille n’est pas si simple…
Girls Always Happy
Chine, 2018
De Yang Mingming
Sortie : –
Note :
HAPPY TOGETHER
Girls Always Happy est un drôle de titre pour ce long métrage dont les héroïnes sont une mère et sa fille qui passent leur temps à se crêper le chignon et qui, si elles étaient invitées à un banquet gaulois, s’enverraient très certainement des sangliers à la figure. Ce premier film de la Chinoise Yang Mingming (lire notre entretien), produit entre autres par Yang Chao (Crosscurrent), est une comédie, un genre extrêmement peu représenté dans les festivals lorsqu’il s’agit de la Chine. Cette confrontation mère-fille rappelle l’esprit de comédies féminines hongkongaises telles que Wonder Women de Gan Kwok-Leung, avec ce mélange de clownerie et d’attachante mélancolie.
Le ton de Girls Always Happy est effectivement assez curieux – curieux comme cette situation entre une jeune fille apprentie scénariste et dont la mère semble avoir commencé à écrire des poèmes pour la concurrencer… ou la troller. Le film explore les relations toxiques par le prisme du rire, avec un ton drôle et passif-agressif (« Tu as l’air d’une intellectuelle quand tu es maquillée ») et parfois agressif tout court. Les méchancetés de garces sont ici particulièrement jubilatoires dans ce décor authentique qui s’éloigne des clichés.
La mise en scène de Yang suit le mouvement : elle est vive comme son montage ou ses mouvements de caméra. La jeune héroïne (jouée par la réalisatrice elle-même) parcourt la ville en patinette, la traverse avec une nonchalance et une impertinence qu’elle semble appliquer à chaque compartiment de sa vie. Il n’y a pas beaucoup de place pour le tact dans les relations humaines et les personnages doivent faire avec. En accumulant les anecdotes, Yang Mingming parvient à un portrait singulier d’une mère, d’une fille, et de leur relation entre coups de sang et malgré tout tendresse. Le film n’est pas parfait et souffre d’un ventre mou, mais possède un charme énorme.
| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |
par Nicolas Bardot