Festival de Locarno | Critique : Ma famille chérie

Fuyant la violence conjugale, Estelle rejoint sa mère avant une réunion de famille. Elles partagent émotions et souvenirs. L’arrivée de Marc, absent depuis l’enfance, ravive de vieilles rancœurs. Entre conflits et révélations, la famille fait face à son passé.

Ma famille chérie
France, 224
D’Isild Le Besco

Durée : 1h23

Sortie : –

Note :

TROMPE L’OEIL

A première vue, il y a quelque chose de typiquement français dans Ma famille chérie. Ce récit de retrouvailles chaotiques d’une famille dans une maison de vacances au bord de la mer, racontée selon une structure sans réel protagoniste et faisant la part égale aux névroses et secrets de chacun rassemble avec conviction tant d’archétypes qu’il évoque autant un cinéma psychologique et bourgeois que les grandes sagas de l’été à la télé. En dépit de ce que l’on a envie de qualifier de désintérêt quasi-total pour le travail sur l’image, cette réunion à la fois familière et légèrement désuète ne manque pas de charme, notamment grâce à un casting hétéroclite.

Autour de Marisa Berenson en matriarche et de Jeanne Balibar (parfaite comme toujours) en grande sœur et wannabe matriarche, c’est toute une petite capsule temporelle du début des années 2000 que l’on s’amuse à retrouver ici : Elodie Bouchez, Stefano Cassetti, Eli Semoun et Isild Le Besco elle-même. Cette dernière est présente devant et derrière la caméra à la fois, et pourtant le film ne s’inspire pas des récents écrits intimes de la réalisatrice. Si l’on peut toujours s’amuser à dresser des parallèles entre le personnage très intense de Jeanne Balibar et Maïwenn, Ma famille chérie (dont le titre est peut-être alors un trompe l’œil délibéré ?) ne se présente pas comme une autobiographie.

C’est plutôt un air de cinéma italien qui vient balayer cette famille dingo où chacun a l’air de parler une langue différente. Tout le monde passe en effet du rire intense aux larmes intenses, souvent à l’intérieur d’une même scène. La manière dont le curseur émotionnel de ces personnages borderline peut vriller à chaque instant dans tous les sens est presque camp, mais la moquerie nécessaire à ce basculement est toujours tempérée par un regard tendre et un piano sirupeux qui vient arrondir les angles. Il y a beaucoup de folie larvée dans cette maison des secrets faussement chaleureuse, mais celle-ci reste un peu trop souvent fermée à double tour. Finalement assez prévisible, Ma famille chérie n’est pas tout à fait le cinglant règlement de comptes espéré.  Ce film d’acteurs et de personnages se laisse néanmoins suivre avec une accueillante facilité.

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par Gregory Coutaut

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