Festival CPH:DOX | Critique : Balane 3

Un instantané dans la vie de la population d’Inhambane, au Mozambique.

Balane 3
Portugal, 2025
De Ico Costa

Durée : 1h38

Sortie : –

Note :

UN JOUR DANS LA VIE

Petit matin : des gens poussent un bateau qui s’éloigne petit à petit en mer. Le Portugais Ico Costa filme des gestes qu’on imagine quotidiens, au début du jour. Le cinéaste a d’abord assez peu recours aux dialogues : le soleil se lève et la journée, comme toutes les autres journées, se met en place. Ici, on répare des postes de télévisions parmi les poules, plus tard on célèbre un anniversaire, là on regarde une série télévisée, ici on chante au karaoké. Dans Balane 3, documentaire dévoilé en première mondiale dans la compétition au Festival CPH:DOX, Ico Costa filme le quotidien des habitant.es d’Inhambane, une ville portuaire du Mozambique.

On a jusqu’ici parlé d’actions, mais c’est aussi ce qui est dit qui compte dans Balane 3. Des discussions qui peuvent régulièrement être très directes : comment deux familles s’entendent sur une grossesse imprévue ? Faut-il avoir honte de se masturber ? Doit-on fuir les mecs qui ont une bite trop grosse ? Cette mosaïque de trivialités compose une image plus large d’un quartier, d’une ville, d’une population. Elle offre en tout cas un regard vivant et très éloigné d’un, si l’on peut dire, occidental gaze : le récit ici n’est ni exotique, ni misérabiliste. C’est le pouls d’un lieu, et des gens qui y vivent.

Tourné en 16mm, Balane 3 offre une image chaleureuse aux couleurs vibrantes. Ces sensations participent à saisir l’atmosphère de ce temps et de cet espace. On le découvre petit à petit : Balane 3 se déroule sur une journée – c’est en tout cas ce que son montage suggère. Une miniature, juste 24 heures, et tout un monde qui se déploie, du petit matin jusqu’au cœur de la nuit, du travail jusqu’à la ferveur des fêtes dans les rues. Ce sont les couleurs du jour qui tombent, puis à nouveau le jour qui se lève. Ce portrait dédramatisé se révèle particulièrement vivant, mettant en scène le collectif avec humanité. Un tag croisé dans le film dit « jusqu’ici, survivre nous a empêché de vivre » ; Balane 3 capture avec une certaine grâce une réponse à ce regret.

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par Nicolas Bardot

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