Djinn, Trud ou Al Karisi : le Mal possède plusieurs noms et formes selon les folklores de chaque pays. En voilà huit exemples…
The Field Guide to Evil
Nouvelle-Zélande, 2018
De Ashim Ahluwalia, Can Evrenol, Veronika Franz, Severin Fiala, Katrin Gebbe, Calvin Lee Reeder, Agnieszka Smoczynska, Peter Strickland, Yannis Veslemes
Durée : 1h57
Sortie : –
Note :
L’un des premiers mérites de l’anthologie horrifique The Field Guide to Evil est de viser un peu plus haut que la plupart des anthologies du genre qu’on voit circuler en festivals. Si le format est ludique, il est parfois encombré par le remplissage, avec quelques réalisateurs intéressants accompagnés d’assistants qui signent leur premier film et parviennent rarement à fournir autre chose que du paresseux fan-service. The Field Guide to Evil propose, pour une bonne partie de son cast, un panorama excitant de réalisateurs avec une forte personnalité : les Autrichiens Veronika Franz et Severin Fiala (le conte vénéneux Goodnight Mommy), le Britannique Peter Strickland (la fantaisie érotique The Duke of Burgundy), la Polonaise Agnieszka Smoczynska (la comédie musicale horrifique The Lure) ou l’Allemande Katrin Gebbe (le thriller mystique Aux mains des hommes).
Ceux qui s’en tirent le mieux sont sans nul doute le duo Veronika Franz/Severin Fiala et Peter Strickland. Franz et Fiala signent un court en costumes qui, comme Goodnight Mommy, considère le fantastique comme un point de vue. Cette approche fine laisse de la place aux silences et au trouble dans cette histoire où une jeune femme est, sous l’emprise de sa mère, terrifiée par ses propres sentiments. Les deux Autrichiens confirment par ailleurs leur goût horrifique pour les beaux visages abîmés. Réalisateur aux univers éclectiques, Peter Strickland reprend directement l’esthétique du conte qu’il mêle au muet dans un court où le grotesque et l’horreur se rencontrent. Ces deux films sont deux très belles réussites.
Pas inintéressants mais plus inégaux, les courts de Agnieszka Smoczynska et Katrin Gebbe ne sont peut-être pas tout à fait adaptés au format. Il semble manquer des bouts au premier que l’on sent précipité, tandis que l’atmosphère poisseuse du second (et qui, sur la longueur, finissait par épaissir le mystère de son long métrage) mériterait d’être développé sur un film plus long. Réalisés par des cinéastes moins talentueux (le Turc Can Evrenol, l’Américain Calvin Reeder, l’Indien Ashim Ahluwalia et le Grec Yannis Veslemes), les autres courts sont, sans surprise, moins intéressants sans pour autant être infamants (ce qui semble pourtant être un passage obligé de ce type de programme).
par Nicolas Bardot