Distingué par le jury du Festival du Film d’Animation d’Annecy, Cyclists est réalisé par le Croate Veljko Popovic. Il s’agit d’une fantaisie érotique complètement WTF où divers protagonistes ont tous une folle envie de baiser. Le jeune réalisateur nous en dit plus sur ce court métrage coloré et jubilatoire.
Quel a été le point de départ de Cyclists ?
Mon studio et moi-même avons été approchés par la famille de Vasko Lipovac afin de créer un court métrage animé inspiré de son œuvre. Nous avons travaillé conjointement avec sa famille sur d’autres projets autour de Lipovac et de son atelier. Ce court métrage est une continuation naturelle de cette collaboration.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le style visuel adopté par votre film ?
Le film est basé sur une série d’œuvres de Vasko Lipovac, plus particulièrement sa série érotique et sa série sur les cyclistes. Nous souhaitions creuser dans ces séries et trouver des œuvres moins connues, avec une approche différente de ses sujets habituels afin de créer un court animé qui révèle l’univers de Vasko au monde. Nous avons essayé de mélanger son trait de dessin, sa peinture et ses sculptures pour créer quelque chose qui, à partir d’une trame narrative simple, tienne de l’approche expérimentale et artistique.
Le ton de Cyclists est très surprenant : votre film peut être surréaliste, érotique et comique en même temps. Comment avez-vous travaillé sur ces différents tons lors de la préparation ?
Avant tout nous avons passé beaucoup de temps à créer une ligne narrative qui capture l’esprit de la peinture de Vasko. Durant cette étape, nous avons beaucoup consulté la famille de Vasko Lipovac, particulièrement l’un de ses fils, Mario Lipovac, qui a été consultant sur le film et qui nous a beaucoup aidés.
Une fois que nous avions cette structure principale, nous avons expérimenté différentes approches visuelles. J’ai su assez tôt que la scène du tunnel me servirait pour faire quelque chose d’expérimental et de créatif afin de créer une rupture avec le reste du récit. Mais c’est seulement en commençant à travailler avec l’extraordinaire animateur estonien Sander Joon, que j’ai rencontré sur le circuit des festivals lorsqu’il a présenté son film Velodrool en 2016, que j’ai décidé d’accentuer cette approche expérimentale et à l’étendre au reste du film. La chose drôle étant que c’est le premier film d’animation en 2D que nous avons produit pour notre studio, car habituellement on se concentre davantage sur l’animation 3D. Alors il y avait beaucoup d’éléments sur lesquels expérimenter et réfléchir.
Quels sont vos cinéastes favoris ?
Mes réalisateurs favoris ? Pritt Parn est tout simplement un maître et ses films sont brillants. Divers in the Rain est un chef d’œuvre. Teodor Ushev me remplit d’admiration. Un auteur, artiste et réalisateur fantastique. Hayao Miyazaki m’époustoufle à chaque fois. C’est le genre d’auteur qu’on ne peut qu’admirer sans espérer une seconde s’approcher de son niveau. Je dirais également Wes Anderson. Il est au cinéma et à l’animation ce que R.E.M. est à la musique. A la fois une superstar hollywoodienne, mais qui a conservé sa vision artistique originale. Un artiste qui crée des films fantastiques, qui sont capables de parler à un large public tout en gardant son contrôle artistique et son approche unique de la mise en scène.
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf au cinéma, de découvrir un nouveau talent ?
Oh Willy, qui a été réalisé en 2012 par Emma de Swaef et Marc James Roels. Veldrool de Sander Joon, réalisé en 2016, et Egg de Martina Scarpelli, réalisé en 2018. Ce sont les films qui me viennent à l’esprit et qui m’ont fait dire « wow, voilà quelque chose de spécial et ces gens vont loin. J’ai besoin de voir ce qu’ils feront après ».
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 5 septembre 2018.
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