Avec Rivages, la Française Sophie Racine signe un court métrage poétique et sensoriel qui se déroule dans un décor breton où l’on observe la nature et les éléments s’exprimer. Ce beau film est à découvrir en ligne dans le cadre du Festival National du Film d’Animation, qui sera à suivre toute cette semaine sur Le Polyester. Sophie Racine est notre invitée.
Quel a été le point de départ de Rivages ?
A l’origine de ce film, il y a des souvenirs de Bretagne et de ses paysages si changeants avec la marée et les variations du climat et de la lumière. Je voulais que le paysage et les éléments naturels deviennent les personnages du film, afin de proposer une redécouverte d’un bord de mer au plus près des sensations.
Pouvez-vous nous parler du choix de l’utilisation du noir et blanc pour l’animation de votre film – notamment pour dépeindre la nature ?
Le choix du noir et blanc a tout de suite été associé à un travail sur les textures et le grain de l’image. J’aime beaucoup la gravure, la richesse des matières qu’elle permet. J’ai voulu au départ me rapprocher de la gravure sur bois en noir et blanc très contrasté. Puis j’ai joué avec les différentes textures obtenues lors d’impressions de plaques de gravure pour amener des nuances comme dans les ciels par exemple. L’animation de ces textures m’a ensuite permis de rendre les vibrations de l’air et de la nature. La lumière occupe aussi une place essentielle dans mon film et le noir et blanc permet d’en capter toutes les nuances, de les mettre en valeur.
La musique est très présente dans Rivages, comment avez-vous abordé son utilisation narrative ?
La musique a été composée par Yan Volsy, qui s’est également chargé du montage son. C’était important que le son et la musique soient travaillés ensemble. L’idée de départ était que la musique accompagne la dramaturgie du film, dans le premier mouvement elle se met en place au fur et à mesure que la vie investit le rivage. Cela commence par un ensemble de cordes qui évoque le va-et-vient des vagues, un peu comme une respiration. Ensuite la harpe a fait son apparition pour sa sonorité douce. Dans le deuxième mouvement, avec l’arrivée de l’orage, les éléments naturels prennent le dessus, et la musique passe au second plan, avant de revenir en douceur à la fin du film.
Quel.l.es sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?
Iouri Norstein et son court-métrage Le Conte des Contes, Akira Kurosawa, Chris Marker, Agnès Varda, Hayao Miyazaki, Jacques Tati… La découverte du film Gerry de Gus van Sant il y a plusieurs années a aussi été importante.
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?
Je pense aux courts métrages d’Ismaël Joffroy Chandoutis et à son travail sur l’image assez différent de ce que l’on a l’habitude de voir.
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 6 avril 2021. Un grand merci à Estelle Lacaud.
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