O Black Hole ! de l’Américaine Renee Zhan a pour héroïne une femme qui se transforme… en trou noir. Ce court métrage, qui a fait sa première française au Festival de La Roche-sur-Yon et figure à Premiers Plans d’Angers cette semaine, est une expérience métaphysique mêlant avec maestria les genres et les styles visuels. Renee Zhan est notre invitée de ce Lundi Découverte.
Quel a été le point de départ de votre film ?
J’ai d’abord dessiné l’image d’une femme avec une masse sombre à la place de la tête. J’ai commencé à explorer son histoire et à réfléchir à ce qui lui est arrivé et j’ai construit le film autour de ça. J’ai tendance à faire des films sur des choses dont j’ai peur. Le Trou Noir aspire tout l’univers pour arrêter le temps et garder tout en lui pour toujours. Je pense que c’est une peur universelle, la peur du changement. Ce film était une ode à cette peur.
Comment et pourquoi avez-vous choisi ces styles d’animation pour raconter cette histoire en particulier ?
C’était un film où je voulais vraiment expérimenter avec différentes techniques et trouver de nouvelles façons de les combiner. J’ai vraiment aimé l’idée de construire le trou noir, une chose mystérieuse, informe, en 3D. J’ai travaillé avec le talentueux décorateur Richard Henley pour créer le look et la sensation de cette grotte sombre. L’intérieur du trou noir a été « solidifié » en 3D parce que le temps lui-même s’est solidifié et est devenu éternel. Tandis que dans le monde en 2D, tout en dehors du trou noir était plus éphémère, transitoire et donc rendu à travers des dessins impressionnistes sans forme définie.
Comment avez-vous trouvé votre équilibre idéal entre la comédie musicale enfantine et l’atmosphère cauchemardesque ?
Je suis très frustrée par le stéréotype selon lequel l’animation est un genre pour enfants. L’animation peut être tellement plus que cela et raconter des histoires sombres, étranges et d’un autre monde. En même temps, je voulais conserver le charme et l’innocence de cette tradition. Ces différentes dynamiques expliquent la façon dont je me suis retrouvée avec ce mélange de tons.
O Black Hole ! a été très influencé par des films comme Labyrinth, Dark Crystal, et Le Labyrinthe de Pan. Ces films envoient des protagonistes innocents faire des voyages sombres et effrayants. Je pense que ce contraste est très intéressant. Il ajoute au film un sens aigu du danger et de l’urgence. Et j’adore les comédies musicales. Surtout des comédies musicales qui ne devraient pas être des comédies musicales. Harry Brokensha, le compositeur, est un génie complètement fou. Nous avons eu beaucoup de plaisir à inventer les chansons.
Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?
Mes cinéastes favoris sont Richard Linklater, Lars von Trier et Hayao Mizayaki. J’ai grandi au Texas, donc les films de Linklater me font sentir comme à la maison, c’est comme un retour à l’enfance pour moi. Les films de Lars Von Trier ont en eux une angoisse particulière et troublante. En fait, j’aime ses personnages féminins. Je pense qu’ils sont très forts. En fait peut-être qu’ils sont faibles, mais ils persévèrent en dépit de leur faiblesse. Et pour moi, c’est une vraie force. Je ne pense pas être naturellement forte moi-même, mais je fais de mon mieux. Et Miyazaki fait de la magie dans ses films. C’est drôle parce qu’il semble être un vrai grincheux dans la vie, mais ses films sont des idéaux de paix et de joie.
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?
J’ai regardé Saint Maud de Rose Glass récemment et j’ai vraiment adoré. Cela m’inspire tellement de découvrir une vision aussi unique de la part d’une jeune réalisatrice !
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 18 octobre 2020, Un grand merci à Gloria Zerbinati.
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