Festival de Rotterdam | Entretien avec Miwako Van Weyenberg

Dévoilé dans la compétition Big Screen au Festival de Rotterdam, Soft Leaves est le premier long métrage de Miwako Van Weyenberg, qui est d’origine belge et japonaise. A la suite du grave accident dont son père est victime, la jeune Yuna expérimente avec difficulté une redistribution familiale lors du retour de sa mère japonaise en Belgique. Miwako Van Weyenberg signe un attachant récit initiatique à la fois mélancolique et chaleureux. Nous avons rencontré la réalisatrice.


Quel a été le point de départ de Soft Leaves ?

On me demande souvent si l’histoire de Soft Leaves est autobiographique, car je suis aussi moitié japonaise et moitié belge. L’histoire en elle-même n’est pas autobiographique, je n’ai pas vécu ce que Yuna vit dans le film, mais je connais très bien ses sentiments et ses émotions. C’était mon point de départ pour ce film, j’avais envie de partager ces émotions à travers le film. De cette façon, on peut dire que le cinéma est ma voix, le cinéma est un langage pour moi. Donc ça a commencé avec les émotions, j’ai ensuite façonné les personnages autour des émotions, et l’histoire autour des personnages. Mais c’était un processus très naturel, tout s’est développé de manière très organique.



Vous utilisez des couleurs et une lumière chaleureuses pour raconter cette histoire qui est habitée par une certaine tristesse et une mélancolie – pouvez-vous nous en dire plus sur votre approche visuelle ?

Nous voulions utiliser des couleurs chaudes avec un toucher très naturel, pour avoir le doux sentiment de nostalgie/mélancolie. C’est pourquoi il y a aussi tant d’éléments naturels dans le film, c’est une traduction du sensoriel à l’écran. Il fallait que ce soit naturel, à la fois dans l’utilisation des couleurs et de la lumière, et dans la façon dont la caméra se rapporte aux personnages.

Comment avez-vous travaillé avec votre jeune actrice Lill Berteloot dont la performance est à la fois minimaliste et pleine d’émotions ?

Quand nous avons fait les castings pour Yuna, il était très clair dès le début que Yuna devait être jouée par Lill Berteloot. C’est l’un de ces moments que j’entends toujours les cinéastes raconter : elle est entrée dans la pièce, et c’est tout, ça a cliqué. Et j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir travailler avec une actrice comme Lill, qui a vraiment compris le personnage et a donné vie à Yuna. Bien sûr, dans l’industrie cinématographique, travailler avec des enfants est considéré comme un grand défi. Pour Lill, c’était aussi sa première expérience d’actrice. Mais j’ai l’habitude de travailler avec des enfants. Dans mes trois courts métrages que j’ai réalisés avant Soft Leaves, j’ai toujours travaillé avec des enfants comme personnages principaux. Lill est même l’enfant actrice la plus âgée que j’ai dirigée.

Ce qui est important pour moi en travaillant avec des enfants, c’est que je les traite sur un pied d’égalité. Cela semble si évident, mais je voulais être sûre de ne pas les traiter comme un enfant qui pourrait ne pas comprendre les différentes couches d’émotions. Parce que je pense qu’ils comprennent mieux que quiconque. C’était une expérience incroyable de travailler avec Lill.



Quels sont vos cinéastes de prédilection et/ou ceux qui vous inspirent ?

Mes plus grands héros comme cinéastes sont Hirokazu Koreeda et Takeshi Kitano. Ils ont toujours été ma plus grande source d’inspiration (Maborosi de Koreeda et Hana-bi de Kitano sont mes films préférés de tous les temps que je revois tout le temps). Mais aussi Aftersun de Charlotte Wells, ou encore un film que j’ai découvert très récemment et que j’ai adoré : Moving de Shinji Somai. Ce sont des cinéastes de styles très différents, mais il y a une façon de tout centrer autour des émotions des personnages d’une manière qui semble très naturelle, et que j’adore.



Quelle a été la dernière fois que vous avez eu le sentiment de regarder quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent à l’écran ?

Je dirais encore une fois Moving de Shinji Somai. Même si le film date à l’origine de mon année de naissance, 1993, je l’ai découvert récemment dans les cinémas avec la version restaurée en 4K. J’ai été très émue par ce film, les couleurs, la complexité d’une histoire qui à première vue semble si simple. Chaque décision du réalisateur semblait si précise et intentionnelle, mais en même temps si naturelle sans effort.



Entretien réalisé le 6 février 2025. Un grand merci à Cilia Gonzalez.

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