Oscars 2024 | Entretien avec Lucija Mrzljak & Morten Tšinakov

Dévoilé à la Berlinale, Eeva, réalisé par la Croate Lucija Mrzljak et l’Estonien Morten Tšinakov, figure dans la présélection pour l’Oscar du meilleur court métrage d’animation. C’est l’histoire d’un enterrement pluvieux, et de la femme mystérieuse qui y assiste. Eeva est une étrange rêverie, d’une tristesse à la fois magnétique et surréaliste. Nous avons interrogé les cinéastes sur ce récit singulier et énigmatique, visible librement sur l’excellente chaine YouTube Bang Bang et en bas de cet article.


Quel a été le point de départ de Eeva ?

Tout a commencé par un rêve que Morten a fait. Dans ce rêve, un pivert se posait sur un cercueil et délivrait un message en morse, avant qu’il ne soit tué avec un parapluie. Ce rêve apparaît dans le film pratiquement à l’identique. Le reste de l’histoire a été développé à partir de cela.



Comment avez-vous accordé les visages de vos personnages (qui sont dessinés comme des masques) et les émotions qu’ils ressentent durant l’histoire ?

A vrai dire la question ne s‘est jamais posée en ces termes, nous n’avons pas pensé les visages de nos protagonistes en fonction de leurs émotions. Il est donc difficile pour nous de répondre ! On peut dire que le design des personnages et de leurs visages, c’est quelque chose qui nous en venu de manière assez intuitive.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre utilisation expressive des couleurs, entre des couleurs plutôt sobres et discrètes (le gris ou le vert pâle par exemple) et des touches plus fortes comme le rouge ?

Nous avons été très inspiré.e.s par Wong Kar-Wai. Il a souvent ces rouges et ces verts puissants dans ses films, et on adore l’esthétique de son cinéma. Le procédé était d’une simplicité biblique : on a d’abord utilisé le rouge et le vert, et le reste a découlé de ça. Après quelques essais et quelques erreurs, les couleurs atténuées se sont bien harmonisées – le gris va avec tout.



Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?

Parmi les noms qui nous viennent à l’esprit, il y aurait Priit Pärn, Igor Kovalyov, Krzysztof Kieslowski, Wong Kar-Wai, Atsushi Wada, Aki Kaurismäki, Paul Thomas Anderson, Maya Deren… Et la liste peut continuer. Parfois, l’inspiration peut venir d’un film en particulier plus que d’un.e cinéaste, c’est parfois même juste une partie d’un film.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?

Il nous arrive assez régulièrement de voir quelque chose qu’on trouve très impressionnant, mais ça n’est pas dans un souci de découverte d’un nouveau talent. Dans votre précédente question, vous nous questionniez sur des cinéastes qui nous inspirent, en fait il serait plus juste pour nous de répondre en termes de films qui nous inspirent. Et à cet égard, l’idée d’un nouveau talent est moins importante pour nous.


Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 22 janvier 2023. Un grand merci à Luce Grosjean.

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