Mois des Fiertés | Entretien avec Loulou de Cacharel

Oui, c’est elle. Jeune drag queen d’un an, Loulou de Cacharel a déjà tout d’une grande. Inspirée pour ses perfs aussi bien par Pedro Almodovar, le rock 80s ou Mylène Farmer, Loulou est une reine à l’univers riche et qui a plus d’un tour dans son sac. Elle a récemment créé le programme Les Elégies de Loulou visible sur YouTube, où elle peut se glisser dans un fantasme lynchien comme faire un lipsync sur Véronique Sanson. Vous pouvez voir cette queen brillante sur scène ce vendredi 17 juillet lors de la soirée Vendredi Habibi, organisée par l’inestimable Javel Habibi que nous avions interviewée l’an passé. Loulou de Cacharel est notre invitée du jour dans le cadre de notre dossier Mois des Fiertés.


Le cinéma est-il une source d’inspiration de ton drag ? Des icônes t’ont-elles servi de référence ?

La première fois que j’ai vu une drag queen, c’était au cinéma ! Dans le film Talons Aiguilles de Pedro Almodovar. J’ai d’ailleurs récemment reproduit sur scène la performance de Femme Letal dans ce même film, à l’identique, comme pour réaliser un fantasme d’adolescent. Je n’aurais jamais imaginé être drag queen a l’époque !

D’un point de vue purement esthétique, je ne pense pas que mon personnage soit inspiré du cinéma, mais ayant un attrait pour le jeu et la comédie dans mon drag  j’ai sûrement emprunté des attitudes, des gestuelles (et des lipsyncs !) à de grandes actrices…ou acteurs, d’ailleurs ! Sans réellement être capable d’identifier une inspiration en particulier. Mais il est certain que des réalisateurs comme François Ozon, Pedro Almodovar, ou plus récemment Xavier Dolan, leur regard d’hommes gay sur les femmes, ont une influence sur mon personnage. Je pourrais citer Anne Dorval, dont j’ai utilisé des mots dans une de mes performances.

Si tu avais carte blanche, quel acteur ou quelle actrice de cinéma souhaiterais-tu relooker en drag queen ?

J’aimerais beaucoup relooker Pierre Niney ! Je suis sûr qu’une drag queen sommeille en lui. Une comedy queen ! Je l’imagine assez bien en Parisienne chic déjantée. Une Valérie Lemercier en puissance ! Mais si c’était encore possible….j’aurais choisi Louis De Funès. Soyons honnêtes, il ne lui manque vraiment que le costume, mais c’est déjà une drag queen !

Y a t-il un film dans lequel tu aurais rêvé de jouer en drag ?

J’aurais adoré jouer dans To Wong Foo, Thanks For Everything ! Julie Newmar de Beeban Kidron (Extravagances pour sa sortie française, ndlr). Trois drag queens (quatre avec moi) traversant l’Amérique puritaine des années 90, ça sonne vraiment comme une aventure à laquelle j’aurais aimé participer ! Les personnages de ce film sont hilarants. Et puis, Patrick Swayze en drag queen, questionnant sa masculinité à une époque ou il était un sex symbol, ça vaut le détour !

En quoi ton drag est-il politique à tes yeux ?

Qu’on le veuille ou non, le drag est politique par essence. Tout artiste drag qui se respecte doit avoir conscience de ça. Nous avons une histoire, le drag est né de l’oppression ! C’est notre devoir de connaitre cette histoire. Et aujourd’hui encore, le vêtement drag, l’exubérance drag, jouer avec les codes de genre imposés par notre société, c’est une transgression ! Il faut être conscient de ce que l’on représente.

Toutefois, je ne pense pas que l’on doive nécessairement être politisé et/ou engagé pour faire du drag. C’est aussi et avant tout un divertissement. En ce qui me concerne, j’ai trouvé dans le drag une manière de canaliser la colère que je pouvais ressentir par rapport aux injustices sociales, et un formidable moyen de faire passer des messages. Je ne politise pas nécessairement mes performances, mais j’essaie d’utiliser ma voix quand je le peux pour faire passer des messages.

Quel est ton film queer préféré ?

Je dirais J’ai tué ma mère de Xavier Dolan. J’étais très jeune et mal dans ma peau quand j’ai découvert ce film, je n’avais pas fait mon coming out et j’en voulais a la terre entière, surtout à mes parents ! Je crois que je me suis beaucoup identifié à Hubert, le personnage principal. Je citerais également Moonlight de Barry Jenkins pour le plaisir, et parce que c’est sûrement un des meilleurs films que j’ai vus depuis bien longtemps. Le scénario, les acteurs, la réalisation, la force de représentation, tout est parfait.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 11 juin 2020. Crédit photos : Analog Eye / Loulou de Cacharel / Maxime Lenik.

Le compte Instagram de Loulou de Cacharel
La page YouTube des Elégies de Loulou

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